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Le 21ème siècle a 21 ans déjà, le temps s’est écoulé très vite depuis l’an 2000 avec de nombreux changements. Il faut faire le point sur ce qui s’est passé et sur ce que l’on peut envisager. La prise de conscience de l’importance du changement climatique et de ses conséquences redoutables est incontestable, mais les avis divergent sur les mesures à prendre. Les filières horticoles sont très bien vues par l’opinion publique en Europe et en Amérique du Nord pour leur contribution à l’amélioration de l’environnement.

Une poursuite du manque de ressources qui pèse sur la filière horticole

Au sein de ces filières et avec quelques variables selon les pays, la hiérarchisation des problèmes à résoudre pour s’adapter est sensiblement la même :

  • Baisse de la disponibilité et augmentation rapide du prix de l’énergie fossile, alors que la production d’énergies alternatives est encore faible. Contraintes sur les émissions de CO2.
  • Règlementation actualisée ou acheminement compliqué de certains intrants utiles à la production : tourbes, produits phytopharmaceutiques, phosphates, plastique recyclé, accès à l’eau dans certains pays.
  • La disponibilité en main-d’œuvre et l’acquisition des compétences indispensables à l’évolution des métiers.
  • Sans oublier bien entendu, les énièmes vagues de Covid qui n’en finissent pas d’arriver.

Rien que ces quatre facteurs récessifs vont induire une ère de décroissance probable qui va devoir être anticipée, acceptée et organisée. L’industrie horticole est l’une des mieux adaptées à la mise en place assez rapide d’une économie verte et circulaire, capable de faire face aux défis à venir. Les nouvelles formes de compétitivité vont se jouer sur les capacités de ces filières dans chaque pays à convaincre toutes leurs parties prenantes de participer à cette évolution inéluctable.

D’autres enjeux pour la filière : la circularité et la tourbe

Aux Pays-Bas, un accord de coalition a été passé avec le cabinet ministériel Rutte IV, l’horticulture sous serre se voit confier le rôle de leader de la transition énergétique. A Bleiswijk, au centre de la Hollande, la circularité en horticulture a déjà son « Living Lab ». Ce laboratoire a été officiellement inauguré en septembre 2021, pour la création de solutions visant à transformer les  flux résiduels de l’horticulture en sources de revenus.
En ce qui concerne la tourbe, l’urgence s’installe, la règlementation s’emballe, mais la réalité oblige à temporiser. En Irlande et au Royaume-Uni (Angleterre et Pays de Galles) la règlementation était très contraignante depuis 2019 pour l’extraction de la tourbe. Un nouveau projet de loi « prévoit des dispositions exceptionnelles pour l’extraction de tourbe à des fins horticoles pendant une période temporaire dans l’intérêt public afin d’atténuer les conséquences néfastes résultant d’une interruption de l’approvisionnement ».

Un contexte de pandémie favorable à la consommation de végétaux

Si l’automne 2021 avait donné un espoir en ce qui concerne la levée de la menace du Coronavirus, la fin d’année fait l’effet d’une douche froide, en raison de l’invasion ultra-rapide du variant Omicron. Le Royaume-Uni, les Pays-Bas et bientôt l’Allemagne reprennent des mesures de confinement qui vont considérablement gêner le commerce de fin d’année des fleurs et plantes. Les entreprises et les particuliers comprennent qu’ils devront se résigner à composer avec les contraintes sanitaires encore au moins pendant toute l’année 2022. Et pourtant, en 2021, la croissance des exportations de fleurs et plantes produites ou transitant par la Hollande n’a jamais été aussi forte. Les prévisions tablent sur un record de 7,2 milliards d’euros pour cette année, soit 15% de plus qu’en 2019.

Dans le reste du monde : malgré l’épidémie et les problèmes logistiques, les exportations vers nos pays de consommation ont progressé alors qu’en Europe le nombre de producteurs décroit lentement mais régulièrement. Si l’on estime qu’en définitive, les mesures de restriction sanitaire, les nouvelles règles de travail à domicile et les mesures d’isolement ont bénéficié aux filières du végétal en favorisant l’intérêt pour les fleurs et plantes, il est probable que ces conditions sanitaires restrictives se prolongeront en 2022. L’intérêt des consommateurs et des collectivités pour un environnement plus vert et mieux végétalisé va perdurer. Influencés par les médias, ces consommateurs vont devenir de plus en plus exigeants quant à la provenance des végétaux et à l’impact environnemental de leur mode de production. Pour les années à venir, le chemin devient de plus en plus étroit entre la décroissance raisonnée nécessaire et l’évitement d’une crise économique généralisée. Toutefois, la résilience des filières horticoles étant avérée, nous avons de bonnes raisons de rester optimistes.

Brand WAGENAAR, le 27 décembre 2021.