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Transition énergétique et rentabilité

La transition énergétique passe-t-elle d’abord par la rentabilité, ou est-ce la rentabilité à venir qui passe par la transition énergétique ? Depuis que les prix de l’énergie se sont envolés et que la disponibilité des ressources et produits est devenue très aléatoire, la question de transition énergétique est revenue au premier plan sur les tables de travail.

La consommation de gaz en Hollande a diminué de 30% comparativement à l’an passé, l’hiver doux y est pour quelque chose, mais il n’explique pas tout. Des efforts considérables ont été faits et c’est étonnant de voir la capacité d’adaptation des producteurs. Il y a fort à parier que les émissions de CO2 du secteur afficheront une forte tendance à la baisse en 2022. Moins de gaz pour chauffer les serres, c’est bon pour le climat, mais il y a un revers à la médaille : moins de production au m2.

Est-ce si grave ? La demande du marché s’est un peu tassée comparativement aux records atteints en 2021 et la principale question maintenant est de trouver un nouvel équilibre de rentabilité. Cette question de l’énergie rare était vaguement envisagée. A présent, nous y sommes tout à fait.

Pénurie de main-d’œuvre

Si le prix de l’énergie limite la capacité de production, les pénuries de main-d’œuvre n’arrangent pas la situation. C’est désormais une évidence, la crise sanitaire a transformé durablement le monde du travail. Les pénuries atteignent des records.

En France, comme dans les autres pays occidentaux, recruter est devenu un parcours du combattant, l’on ne cherche plus la perle rare, on cherche quelqu’un. Au Royaume-Uni, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Il en va de même aux Etats-Unis et au Canada.

Les responsables d’exploitation rivalisent d’ingéniosité pour attirer et retenir les salariés, permanents ou saisonniers : création de logements sur l’exploitation, salaires et primes revalorisés, avantages en nature, mais cela représente un coût important qui va vite devenir un facteur limitant dans la rentabilité des entreprises et freiner leur croissance.

Tassement de la demande

En mai 2022, aux Pays-Bas, le marché Royal FloraHolland a généré moins de transactions de fleurs et de plantes que pendant le même mois de l’année dernière. Les prix étaient également inférieurs en moyenne. Le chiffre d’affaires des plantes de jardin s’est mieux tenu que celui des fleurs coupées et des plantes d’intérieur. Cela ressort des chiffres de Royal FloraHolland.

Le marché Rhein-Maas, qui concerne à la fois les Pays-Bas et l’Allemagne, prend des mesures pour réduire l’offre excédentaire de plantes en pot d’extérieur. La demande se tasse en juin sous les coups de l’inflation et de la chaleur. L’offre, limitée en début d’année en raison du coût de l’énergie, arrive maintenant en quantités légèrement excédentaires. De ce fait les prix retombent, ce qui réduit les marges.

Juin, le mois des retrouvailles professionnelles

Trois manifestations horticoles importantes se sont tenues du 14 au 18 juin dans le nord de l’Europe. Elles ont attiré des visiteurs en provenance du monde entier et les échanges en présentiel ont repris, à la plus grande satisfaction des visiteurs et des exposants.

Les Flower Trials ont eu lieu du 14 au 17 juin 2022 dans trois régions d’horticulture ornementale : Aalsmeer et le Westland, aux Pays-Bas, et la Rhénanie Westphalie, en Allemagne, avec 61 entreprises d’hybridation qui ont présenté leurs innovations et introductions récentes sur 29 sites.

IPM Summer Edition a réuni les 13 et 14 juin plus de 230 exposants et 1 800 visiteurs professionnels dans deux halls interconnectés. Les sujets clés étaient : les alternatives aux énergies fossiles, la réduction de la tourbe, les emballages respectueux de l’environnement et les nouvelles stratégies de marketing.

Le Salon GreenTech, du 14 au 16 juin à Amsterdam. Visité par 10 890 professionnels en provenance de 121 pays, ce salon est plus spécialement dédié aux techniques horticoles. Au programme : les solutions robotiques pour l’entretien des cultures et les récoltes, le pilotage à distance des conditions climatiques optimales pour une bonne croissance des végétaux, mais également de nouvelles solutions pour l’emballage et la logistique.

La formation : un levier incontournable pour assurer la continuité des entreprises horticoles

En Allemagne, les cadres du secteur horticole qui ont au moins deux ans d’expérience professionnelle qui envisagent de reprendre une entreprise ou qui travaillent dans l’horticulture depuis peu de temps peuvent postuler à l’une des douze formations proposées par la Fondation Landgard. Les stagiaires sont actuellement ou seront bientôt responsables de la rentabilité de l’entreprise et des employés au quotidien.

Alignement des crises

Les défis auxquels nous sommes confrontés à court et moyen termes sont-ils inédits ? Non. Par le passé, nous avons déjà surmonté bien d’autres périodes difficiles : pénurie d’énergie, recrutements difficiles, tensions géopolitiques, hausse de l’inflation et des taux d’intérêt, variation brutale des devises, rentabilité sous pression.

Mais c’est l’alignement et la conjonction de ces différentes crises qui inquiètent même les responsables d’entreprise les plus aguerris. L’instrument stratégique le plus efficace pour traverser cette période compliquée, c’est probable