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Dans un podcast diffusé sur Hortweek, Tony Juniper, de Natural England, évoque la crise de la biodiversité et ses enjeux.
La revue britannique spécialisée en horticulture Hortweek a consacré l’un de ses derniers podcasts aux enjeux du déclin de la biodiversité à travers les propos de Tony Juniper de l’organisme public Nature England.
Profiter des bienfaits écosystémiques en investissant en faveur de la nature
Il y a plusieurs décennies, nous parlions de conservation de la nature. A présent, nous parlons de restauration de la nature, des environnements naturels compte tenu des bénéfices qu’ils apportent. C’est l’idée d’un réseau de restauration de la nature en Angleterre en reconnectant les habitats naturels à travers le pays avec des corridors verts pour une adaptation au changement climatique car les habitats naturels réduisent les risques d’inondation et d’effets d’îlots de chaleur urbaine.
« Plus nous investissons sur la santé de la nature, plus nous en bénéficierons en termes de qualité de l’eau, de santé publique », explique T. Juniper.
« Si vous travaillez pour la nature, vous travaillez pour les gens » ajoute la présentatrice Rachael Forsyth.
Par le passé, nous étions convaincus que faire croître l’économie et le niveau de vie nécessitaient de sacrifier l’environnement. Or, c’est tout à fait l’inverse.
Biodiversité et climat
Il y a une montée en puissance du débat autour du climat mais il y a une autre urgence mondiale : le déclin de la biodiversité. Ce sujet est moins présent dans les politiques publiques et les débats mais cela doit changer. D’après T. Jupiner, nous devons pour commencer aller au-delà du terme de biodiversité qui est un peu confusant. Cette problématique environnementale porte aussi sur la façon dont les systèmes naturels interagissent et le climat interagit avec les écosystèmes.
Selon T. Juniper, la crise de la biodiversité est extrêmement pressante et d’une certaine façon encore plus urgente que ce qu’il se passe avec le climat. « Une extinction massive des espèces prend place à un niveau jamais vu (…) depuis la disparition des dinosaures ». La biodiversité doit être au moins au même niveau de priorité que le changement climatique. Le grand public découvre peu à peu ces deux enjeux – climat et biodiversité – et le fait qu’ils soient intimement liés. Les différents éléments de la nature soutiennent la société humaine.
Par exemple : les pollinisateurs et les plantes, sachant que 70% des cultures de plantes dans le monde dépendent des pollinisateurs. C’est une question de sécurité alimentaire. Concernant l’eau, par exemple la façon dont les arbres gèrent l’humidité et les eaux pluviales.
« Cette interconnexion montre qu’il s’agit au-delà de questions environnementales, de questions économiques, de sécurité alimentaire et même énergétique », ajoute T. Juniper. Cette année, en Chine, certains systèmes hydroélectriques ne pouvaient plus fonctionner à cause d’un bas niveau des rivières.
Faire participer le grand public à la restauration de la biodiversité
Les gens aiment les plantes (par la façon dont ils s’occupent de leur jardin) et les animaux et il y a quelque chose à travailler là-dessus, avance T. Juniper. « Les entreprises horticoles peuvent faire de la pédagogie pour montrer comment la nature peut retrouver sa biodiversité dans un petit, grand jardin ou un parc ». Il faut favoriser la prise de conscience.
Il faut mettre en évidente les plantes bonnes pour les pollinisateurs, les oiseaux, pour créer de la biodiversité en montrant aussi comment les associations de plantes peuvent agir ensemble. « Il y a une véritable opportunité pour le secteur horticole pour impliquer ceux qui se demandent ce qu’ils peuvent faire dans leur jardin pour faire venir des pollinisateurs, oiseaux et ramener la biodiversité.
Il y a quelques jours, Tony Juniper expliquait dans un article comment la nature était vitale à la croissance économique du Royaume-Uni compte tenu de la valeur que représente la restauration des espaces naturels, de l’importance des ressources naturelles pour les grandes entreprises ou encore, compte-tenu du coût de la dégradation de l’environnement.
En France, VALHOR met à disposition des élus et professionnels des conseils et ouvrages pour réintégrer la nature dans les lieux de vie, dont l’ouvrage « La ville nature » qui aborde au moyen d’exemples la préservation de la biodiversité et la gestion de l’eau parmi différents sujets de développement durable.
Sources :
Hortweek, Horticulture Week Podcast: ‘The biodiversity crisis is in some ways even more urgent than the climate’ – Natural England chair Tony Juniper on how nature has the answers, 9 septembre 2022.
The Guardian, Tony Juniper – Nature is not an impediment to UK economic growth: it’s vital to it, 28 september 2022.