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L’augmentation du prix de l’énergie impacte la production et la distribution dans la filière horticole à travers le monde. En Europe, les règlementations liées aux enjeux climatiques nécessitent une stratégie claire.

Les salons professionnels reprennent avec quelques changements notables post-crise.

Fortes pressions dans le monde autour de l’énergie

De même que très peu de gens avaient prévu l’ampleur de la pandémie, très peu de gens ont su prévoir l’ampleur de l’envolée des prix de l’énergie, particulièrement celle du gaz. Pour la production néerlandaise, il y a un an, le prix du gaz était de 0,20 € le m3, il est actuellement près d’1,20 € le m3. Le phénomène est conjoncturel et politique. Le gisement de Groninge dans le nord de la Hollande est épuisé, les plateformes en Norvège sont à l’arrêt pour rénovation, le gaz liquéfié en provenance des États-Unis ou d’Afrique du Nord est capté sans limitation de prix par l’Asie, surtout par la Chine. L’Europe reste donc très dépendante de la Russie qui réduit ses livraisons principalement pour des raisons politiques.

L’augmentation du prix de l’énergie et les perturbations de la logistique mondiale provoquent d’autres explosions de tarifs en chaîne : engrais azotés, prix des transports, plastiques, intrants de culture, matériel de construction de serres. Dans toute l’Europe, les producteurs cherchent à trouver un équilibre entre diminution de la consommation d’énergie et conservation d’une qualité acceptable pour répondre à la demande. Les détaillants vont devoir répercuter ces augmentations de prix en espérant que l’engouement pour les fleurs et plantes occasionné par la pandémie ne soit pas cassé par les hausses de prix qu’ils vont devoir appliquer.

Une demande qui continue de dépasser l’offre

L’offre de fleurs et plantes est insuffisante pour satisfaire la demande en Europe, au Royaume-Uni, en Amérique du Nord, et même en Australie et en Nouvelle Zélande, ce qui change radicalement les rapports de force entre production et distribution. Les pépinières d’Europe doivent faire des choix qu’elles n’ont jamais eu à faire pour gérer la pénurie : quels clients servir ? Et sur quels critères ? Le relationnel client, le prix, la solvabilité ? Les demandes de réservation pour le printemps 2022 dépassent déjà les quantités qui seront disponibles.

Brexit et mesures environnementales

Le Royaume-Uni, suite au Brexit, est l’exemple très préoccupant de ce qui pourrait arriver en Europe si la crise d’approvisionnement se poursuit : retard de livraison conséquents, rayons vides, pompes à sec, prix non maitrisables, main-d’œuvre insuffisante, avec en plus un regain de crise Covid. En Irlande, les producteurs horticoles, manifestent devant le Parlement. Cette manifestation met en évidence les défis actuels liés à la récolte de la tourbe horticole très règlementée et à son rôle central pour la filière. Les producteurs sont maintenant entièrement dépendants de la tourbe importée transportée dans des conteneurs qui n’arrivent pas.

Pour prévenir les effets de règlementations trop brutales, les organisations professionnelles dans tous les pays d’Europe vont devoir se mobiliser pour défendre leurs ressortissants contre des décisions environnementales précipitées par la pression climatique et sociétale. Elles doivent afficher une stratégie clairement communiquée et datée sur les principaux sujets qui affectent les filières horticoles : empreinte CO2, plastiques, tourbe et substrats, protection des cultures. Ces sujets auraient tout intérêt à être abordés à un niveau supra national.

Le retour des salons professionnels

Les mois de septembre et octobre 2021 ont marqué le retour des salons sous forme mixte, en présentiel et en ligne. Tous ont été des succès affichant la puissante dynamique des filières horticoles : Green is Life (Pologne), GreenTech (Pays-Bas), Groot Groen + (Pays-Bas), Iberflora (Espagne). Mais le style a changé : plus petits stands, plus d’espace et de moments de rencontre et d’échanges, des communications bien médiatisées sur les grands thèmes, la création d’une communauté virtuelle et réelle agrégée autour de l’évènement. Les nouvelles technologies de production, l’innovation variétale pour adapter les végétaux aux changements climatiques, la gestion de la donnée pour la production, la logistique ou le marketing ont la part belle dans tous les concours de nouveautés de cette année.

Les braises de la Covid ne sont pas encore tout à fait éteintes que la grande question du moment, dans pratiquement tous les pays, est l’équilibre à trouver entre le calcul d’un prix de vente particulièrement difficile à déterminer au vu de la volatilité des tarifs et le seuil d’acceptabilité de ce prix par les consommateurs, certainement bien disposés, mais qui ont également leurs limites de pouvoir d’achat.

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