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Ce travail, mené par l’Institut Agro Rennes-Angers, ses partenaires et accompagné du Cabinet Terre d’Avance, permet de faire un état des lieux de la situation en matière de formation initiale et continue et de détecter des leviers pour une meilleure adéquation entre les formations, les personnes formées et les besoins des entreprises.

Une étude prospective dans le cadre de France 2030

Dans le cadre de l’initiative gouvernementale France 2030, un appel à manifestation d’intérêt a été lancé il y a quelques années autour du programme « Compétences et métiers d’avenir » visant à répondre aux besoins des entreprises en matière de formations et de compétences nouvelles pour les métiers d’avenir. C’est dans le cadre de ce programme que l’étude prospective « Quels besoins de formation dans le supérieur à horizon 2030 » a été lancée et financée.

L’étude a été pilotée par l’Institut Agro Rennes-Angers avec l’appui d’un consortium de partenaires : acteurs du monde économique / fédérations professionnelles (Unep, Astredhor, Fédération Française du Paysage, Végépolys Valley, Plante&Cité, Direction départementale des territoires 49), établissements de formation (Institut Agro Rennes-Angers, École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille, École Supérieure des Agricultures d’Angers, Université d’Angers, EPLEFPA Le Fresne Angers-Segré, EPLEFPA Nantes Atlantique) et Angers Loire Métropole. Le cabinet Terre d’Avance a accompagné l’Institut Agro Rennes-Angers et ses partenaires dans la réalisation de l’étude.

Le paysage : une diversité d’activités mais des problématiques similaires

Le diagnostic rappelle que le paysage est un secteur d’avenir au regard des nombreux enjeux environnementaux et attentes sociétales auxquelles il peut apporter des réponses.

Le paysage travaille à la planification, la maitrise d’ouvrage, les études, la conception, la maitrise d’œuvre, les travaux d’aménagement ou encore l’entretien et la gestion des espaces paysagers. Des activités fortement imbriquées et complémentaires, rappelle la publication. L’étude relève aussi au-delà des emplois directs dans le paysage, des emplois exercés dans des activités connexes telles que l’immobilier, le BTP ou encore le tourisme. En matière de statuts, il peut y avoir des dirigeants non-salariés, mais aussi des salariés de droits privés et des fonctionnaires.

Le diagnostic sur les besoins en formation met en lumière plusieurs problématiques qui impactent le secteur du paysage :

  • « L’évolution des normes juridiques et des certifications qui impactent le volume d’emplois en fonction des moyens alloués à la formation et à sa structuration (protection de titre, intitulés et reconnaissance des métiers…) ;
  • Des difficultés de recrutement et de sourcing, pour trouver des candidats ayant les bonnes compétences par rapport à l’exercice des métiers, dans un contexte où la majorité des entreprises du secteur sont des établissements de très petite taille ;
  • Des trajectoires professionnelles de plus en plus variées, comprenant plusieurs réorientations en cours de parcours, et des évolutions qui peuvent être horizontales plutôt que verticales ;
  • Des compétences qui évoluent avec des enjeux communs liés à la transition écologique, à la pédagogie, aux évolutions des réglementations, etc. »

Trois grands scénarios face aux besoins importants de recrutement d’ici à 2030

D’après le diagnostic de l’Institut Agro Rennes-Angers, 30 000 recrutements sont attendus dans le secteur du paysage d’ici à 2030.

Les hypothèses d’évolution du secteur et de ses emplois à l’horizon 2030 s’articulent autour de trois grands scénarios prospectifs :

Scénario 1 : un cercle vertueux d’investissement dans le paysage. « Un cercle vertueux s’installe avec des politiques publiques engagées pour les projets de paysage de manière généralisée sur le territoire et des retours sur investissement positifs au regard des impacts sur l’environnement et sur les populations.

Scénario 2 : une montée en charge hétérogène selon les territoires. « Des incitations en faveur du paysage sont prises au niveau national mais elles ne sont pas suivies d’effet et le rythme de développement du secteur est ralenti par des freins culturels et financiers qui restent importants. »

Scénario 3 : une approche productiviste et technologique. La priorité est donnée à l’efficacité immédiate des moyens utilisés et à la recherche de rentabilité économique des entreprises et des clients.

L’Institut Agro Rennes-Angers identifie quatre grands facteurs qui semblent déterminants pour orienter la dynamique de développement du secteur à l’horizon 2030 :

  •  Les politiques publiques et l’impulsion politique donnée au paysage dans sa globalité
  •  L’intégration des nouvelles technologies
  •  La capacité des acteurs de répondre aux commandes en fonction de leur taille
  •  Les modèles économiques des marchés

Un nombre de personnes formées en dessous des besoins pour certains niveaux de formation

Le diagnostic des besoins en formation du secteur du paysage à l’horizon 2030 met en lumière une offre de formation initiale satisfaisante mais un volume de personnes formées insuffisant :

  • pour les niveaux bac+2 et +3 la formation semble en adéquation avec les enjeux et le nombre de personnes formées en phase avec les besoins du secteur
  • pour les niveaux bac+5, le nombre de personnes formées est bien inférieur aux besoins.

 

Renforcer les compétences en formation initiale et apporter des compétences additionnelles en entreprise

Les employeurs mettent en avant dans le diagnostic trois grands champs de compétences en formation initiale à renforcer :

  • Maitriser la palette des végétaux et des écosystèmes
  • Faire face aux enjeux écologiques, environnementaux et climatiques
  • Maitriser le cadre juridique et réglementaire

En outre, il apparaît nécessaire d’apporter des compétences complémentaires aux personnes déjà en poste dans les domaines suivants : écologie et biodiversité, animation et concertation, outillage et technologie, gestion et développement commercial.

Les auteurs listent également les professionnels issus d’autres formations mais travaillant sur des sujets communs à ceux du paysage : écologue, architecte/ urbanistes ou ingénieurs de type ingénieurs VRD, ingénieurs agronomes et maraîchers urbains, animateurs et médiateurs nature-environnement, pilotes de drones.

Un besoin en formation continue qui se heurte à divers freins

Les professionnels interrogés dans le cadre du diagnostic identifient plusieurs freins à la formation continue : manque de disponibilité des salariés, coûts et modalités de financement des formations, offres peu adaptées, l’éloignement du lieu de réalisation de la formation, le niveau et nombre de formations des formateurs pas toujours en adéquation avec les attentes, la recherche d’information sur les formations parfois complexe.

HUIT GRANDS DÉFIS POUR UNE OFFRE DE FORMATION DANS LE SUPÉRIEUR ADAPTÉE AUX BESOINS DU SECTEUR DU PAYSAGE

Au final, le diagnostic piloté par l’Institut Agro Rennes-Angers identifie 8 défis pour répondre aux besoins de formations à l’horizon 2023 :

1 – Communiquer davantage sur les métiers et rendre visible leur grande diversité et, plus largement, mettre en valeur le paysage comme élément central de transformation de la société

2 – Renforcer les liens entre employeurs et acteurs de la formation

3 – Augmenter le nombre de personnes formées, notamment les profils les plus en tension mais aussi plus largement, pour diffuser les enjeux liés au paysage dans les métiers connexes.

4 – Renforcer certaines compétences clés dans le socle commun de formation initiale

5 – Développer des parcours diversifiés dès la formation initiale

6 – Développer l’offre de formation continue pour toute la filière

7 – Faciliter l’accès à la formation continue des professionnels

8 – Valoriser les compétences acquises tout au long de la vie