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Perturbations de la chaîne logistique, empreinte carbone, télétravail, inclusion… Euromonitor International apporte des recommandations sur la façon dont les entreprises doivent s’adapter aux enjeux actuels qui influencent les comportements de consommation en 2022.
Dans une récente publication, l’institut Euromonitor International met en évidence, à partir d’informations issues de 100 pays, 10 grandes tendances de consommation qui émergent et les réponses que doivent apporter les entreprises pour maintenir leurs parts de marché.
Des consommateurs qui s’adaptent face aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement
Pour assurer leurs achats habituels de biens et services, certains consommateurs recherchent des façons d’acheter des produits similaires ou, de façon créative trouvent des solutions alternatives. Ils utilisent la technologie pour accéder aux produits pour lesquels il y a un risque de pénurie et ont recours à des services d’abonnement. Les consommateurs reportent aussi certains achats ou changent leurs habitudes en optant par exemple pour des produits d’occasion ou de la location. En outre, 28% des consommateurs interrogés ont essayé de s’approvisionner en produits ou services locaux en 2021.
De leur côté, face aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement et au manque de main-d’œuvre, les entreprises doivent trouver de nouvelles solutions pour fournir les biens et services. La disponibilité des produits conduit au profit tandis que les pénuries peuvent affaiblir la fidélité du client.
Les entreprises doivent être capables de sécuriser le stock de matériaux nécessaires pour fabriquer les produits tout en apportant un service de haute qualité. Les entreprises ont besoin d’investir dans l’approvisionnement local et l’automatisation pour faire face aux pénuries. Diviser les coûts avec d’autres entreprises pour acheter la matière première en gros pourrait être une option pour pérenniser l’offre. Les distributeurs doivent aussi utiliser la donnée pour améliorer la visibilité de la chaîne logistique, définir leurs opérations et repenser leurs investissements.
Des acteurs de la lutte contre le changement climatique
Les consommateurs sont de plus en plus sensibles à l’écologie et adoptent des modes de vie peu consommateurs de carbone. Ces consommateurs qui s’inquiètent du changement climatique réduisent l’usage du plastique, évitent le gaspillage alimentaire ou encore recyclent. Les régimes alimentaires bas-carbone, les maisons à énergie positive et le voyage écoresponsable sont des tendances encore naissantes.
Les consommateurs s’attendent à ce que les marques s’engagent et agissent à travers leurs produits face à l’urgence climatique. Plus précisément, les entreprises doivent vendre des produits indiquant l’empreinte carbone. Un étiquetage transparent de la neutralité carbone des produits construit la confiance et aide les consommateurs à faire des choix en connaissance de cause. En 2021, 67% des consommateurs interrogés ont essayé d’avoir un impact positif sur l’environnement à travers leurs actions quotidiennes.
78% des professionnels sont convaincus que le changement climatique impactera la demande des consommateurs en changeant les comportements, besoins et préférences. Les entreprises exploitent le marché de la neutralité carbone.
39% déclarent avoir investi en innovations produits bas-carbone en 2021 ainsi qu’en développement et lancement de produits favorables au changement climatique. L’accessibilité devient un obstacle pour faire des produits écoresponsables la norme. 43% des professionnels soulignent que l’absence de disposition des consommateurs à payer davantage est une barrière significative entravant leur activité et leurs initiatives en matière de développement durable.
Les coûts induits par l’innovation en faveur du développement durable, la reconception des produits, les fluctuations de la chaîne d’offre et les certifications se traduisent par des augmentations de prix qui peuvent représenter un défi.
L’innovation digitale est en train de redéfinir la façon dont les détaillants, industriels, consommateurs opèrent une transition vers une nouvelle ère de transparence environnementale. Les outils digitaux, notamment les applications qui permettent de mieux connaître le produit, permettent aux consommateurs de suivre les engagements éthiques des entreprises, leur empreinte carbone ou encore leurs habitudes en matière de recyclage.
Les seniors digitalisés
D’abord contraints à utiliser les outils digitaux lors du premier confinement de 2020, les seniors sont désormais habitués à faire des achats et utiliser des services en ligne. Les entreprises ont l’opportunité de façonner leur expérience digitale pour les cibler, répondre aux besoins de cette nouvelle catégorie d’utilisateurs.
Les 60 ans et plus disposent d’un pouvoir d’achat relativement plus élevé et sont plus de 65% à vouloir se simplifier la vie. Les services en ligne proposés doivent être faciles d’utilisation. Les applications mobiles, réseaux sociaux et sites internet seront stratégiques pour atteindre ce marché. Le contact humain restera toutefois un élément essentiel dans la relation client. Cette combinaison du digital et du physique devra prendre en compte à la fois les seniors digitalisés et les consommateurs plus âgés et plus novices en matière de digitalisation.
Démocratisation de la gestion des finances
Les amateurs de finance prennent le contrôle de leur argent et utilisent des services pour suivre leurs transactions. 51% des consommateurs sont convaincus que leur situation financière sera meilleure dans les 5 prochaines années.
D’après Euromonitor, les entreprises et marques devraient collaborer avec les entreprises de services financiers pour faciliter les modes alternatifs de paiement ou permettre de payer plus tard.
Un nouveau grand départ dans la vie
La pandémie a incité beaucoup de personnes à faire un inventaire de leur vie en effectuant des changements personnels drastiques, une redéfinition de leurs valeurs, styles de vie et objectifs. Nombreux sont ceux qui ont changé d’emploi.
Ces individus sont motivés par la recherche de leur passion et leur potentiel. En 2021, les individus sont 2 fois plus nombreux à prioriser un temps pour eux (24%) par rapport à 2015 (12%). Ils ont une meilleure appréciation de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Les activités et produits qui impactent favorablement la santé mentale et physique influencent les décisions d’achat.
Parmi les comportements plus présents en 2021 par rapport à 2015 : l’envie des consommateurs de faire la différence à travers leurs choix et actions, la préférence dans l’utilisation de leur argent en expériences plutôt qu’en objets.
Les entreprises doivent soutenir le développement personnel, accompagner les consommateurs dans l’adaptation à un nouveau mode de vie, innover en biens, services et expériences qui apportent de la valeur dans ce nouveau départ.
La tendance du métavers (univers virtuel, immersif)
La digitalisation évolue vers un monde virtuel à travers des expériences 3D et des simulations où les consommateurs se connectent avec des communautés. Ces environnements immersifs peuvent favoriser l’e-commerce en se développant. La crise sanitaire a renforcé les contacts virtuels dans un contexte de distanciation sociale. Beaucoup de marques et d’entreprises utilisent aujourd’hui TikTok pour promouvoir des produits. En 2021, plus de 30% des consommateurs ont acheté des produits et services après avoir vu le post d’un influenceur ou la publicité d’une entreprise sur TikTok.
La tendance des produits de seconde main
Les consommateurs passent d’un état d’esprit de possession à celui de l’expérience.
L’image de l’achat d’occasion évolue et favorise les ventes entre particuliers. 33% des consommateurs interrogés achètent régulièrement des produits d’occasion. Ce nouveau comportement répond à la fois au désir des consommateurs d’accéder aux produits et de limiter l’impact écologique de leurs comportements. Des applications se sont développées pour faciliter l’achat et la vente des produits de seconde main. La prédisposition à acheter ce type de produits est inversement corrélée avec l’âge.
Dans ce contexte, les entreprises ont besoin de faire mieux avec moins. Investir dans les projets d’économie circulaire, tels que le recyclage, la location, les programmes de revente apportera de la valeur en plus de l’impact écologique. Les entreprises développent de nouveaux modèles économiques et intègrent l’économie circulaire : programmes de rachat, emballages réutilisables, produits remis à neuf, plateformes d’achats entre particuliers. Des cartes cadeaux, des montants crédités et des points de fidélité constituent les avantages qui encouragent les consommateurs à participer à ces programmes.
D’après Euromonitor, le recommerce (recommercialisation de biens usagés) deviendra de plus en plus prévalent et couvrira davantage de catégories de produits. Les consommateurs continueront de considérer ces produits d’occasion dans le cadre d’une consommation durable. Les plateformes et autres initiatives pour favoriser cette consommation répondront à cette attente.
En outre, les entreprises ont besoin de réutiliser ou de recycler des matériaux pour concevoir de nouveaux produits et réduire le gaspillage. La tendance de l’économie circulaire améliorera inévitablement la production et la consommation durables ainsi que l’image des entreprises.
Les urbanistes ruraux : le meilleur des deux mondes
Les zones rurales et périurbaines offrent des habitations plus spacieuses et un cadre de vie plus vert qui attirent les urbains. En début de pandémie, les consommateurs ont cherché des oasis extérieures, occupant temporairement le milieu rural ou passant davantage de temps dans la nature. A présent, ces changements semblent s’inscrire dans la durée. Les avantages liés au mode de vie urbain ont temporairement disparu en raison du confinement alors que les individus ont continué à payer un coût de la vie supplémentaire en ville.
Tous les consommateurs ne sont pas disposés à quitter la vie urbaine ; le besoin d’espaces verts près du logement, de déplacements plus rapides et plus propres, redéfinissent les préférences de ces citadins. Et généralement les individus qui passent davantage de temps chez eux y investissent davantage leur argent.
Que ce soit en ville, en milieu urbain ou périurbain, les citoyens recherchent un environnement sûr, propre et vert. Des opportunités se développent autour du télétravail
avec un temps de travail passé à domicile et davantage de temps passé hors de la ville. Les entreprises doivent s’adapter à ces mouvements de population au quotidien ou à plus long terme pour garder leurs clients.
Elles doivent notamment étendre la distribution associée au e-commerce ainsi que leurs gammes de produits pour atteindre ce marché. 37% des consommateurs s’attendent à travailler de chez eux à l’avenir. Il convient aussi d’intégrer davantage de pratiques écoresponsables en ville. L’agriculture d’intérieur et la culture sur les toits peuvent contribuer à la production locale. Transformer des espaces vacants en parcs publics et espaces verts impacte positivement ces habitants vivant dans des zones densément peuplées.
Les entreprises et autorités publiques s’efforcent de créer des « mini-villes » où les commerces, écoles et autres établissements de base se trouvent à moins de 15 minutes du lieu d’habitation.
Recherche d’une plus grande estime de soi
L’acceptation, le bien-être et l’inclusion sont des caractéristiques dominantes des modes de vie actuels. Nous voyons émerger une nouvelle catégorie de consommateurs qui priorisent leur bonheur, veulent se sentir bien dans leur peau et s’achètent des biens et services qui améliorent l’estime de soi. Ces consommateurs, en recherche de développement personnel, prennent soin de leur corps et de leur mental à travers les produits qu’ils achètent.
54% des professionnels considèrent que des expériences d’achat plus personnalisées auront un fort impact sur le commerce dans les 5 prochains années. Les entreprises doivent créer des liens profonds avec leurs clients. Les produits qui évoquent le bien-être physique, émotionnel, spirituel répondront aux attentes de cette catégorie de consommateurs.
Une personnalisation qui passe notamment par la technologie. Les produits et expériences d’achat qui amèneront à révéler la meilleure version de ces consommateurs influenceront la décision d’achat et la fidélisation du consommateur. Les produits doivent être en phase avec les motivations et l’identité de l’individu.
Le paradoxe de la socialisation
Chaque individu revient différemment à sa vie d’avant-covid ; certains avec ardeur, d’autres avec plus d’hésitation dans leurs activités. Les individus recherchent une vie sociale mais souhaitent une approche flexible. Tandis qu’ils se tournent vers l’achat en ligne pour la praticité ou par sécurité, ils ont aussi envie d’un contact personnel porteur de sens. Ils veulent avoir le choix entre le virtuel et le réel.
47% des professionnels indiquent qu’explorer de nouveaux modèles économiques (ex. plateformes de vente ou vente directe au consommateur) est une priorité stratégique pour leur entreprise dans les 12 prochains mois. Il s’agira d’être agile dans cette période encore incertaine. Une approche qui combine le virtuel et le physique est cruciale pour satisfaire le consommateur actuel. Les entreprises ont alors intérêt à apporter plusieurs options selon ces profils variés sans sacrifier l’expérience d’achat.
En conclusion, d’après Euromonitor, les modèles d’entreprise et de logistique traditionnels ont besoin d’être mis au défi. Les relations clients ne peuvent plus être uniquement transactionnelles. Développer une profonde connexion, un soutien au consommateur poussera les entreprises au-delà de la vente en les positionnant comme alliées à l’achat. Les consommateurs préfèreront et feront davantage confiance aux entreprises humanisées.
L’expérience client doit être multifacette : physique / digitale, personnalisée. L’écoresponsabilité est une nouvelle forme d’avantage concurrentiel. La vente directe et la vente d’occasion peuvent apporter du chiffre d’affaires supplémentaire. Les entreprises devraient envisager de créer des partenariats avec d’autres acteurs et d’autres secteurs pour partager les ressources, étendre la portée de leurs actions et atteindre leurs objectifs au-delà de leurs capacités opérationnelles.
Pour la filière du végétal, il s’agira notamment de valoriser les bienfaits des végétaux et des espaces végétalisés sur l’épanouissement personnel et les enjeux environnementaux, de développer et valoriser les pratiques écoresponsables et en faveur d’une économie circulaire ou encore de proposer différents types d’expérience client (physique, en ligne) dans l’accompagnement de l’achat de végétaux. Au final, mettre la connaissance du végétal au service d’une plus-value et d’une expérience client riche et porteuse de sens.
Source : Euromonitor International, Top Global Consumer Trends 2022, January 2022.