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Rabobank a publié, en coopération avec Royal FloraHolland, un rapport sur les tendances de la floriculture mondiale (pays fournisseurs et clients, transport, commerce en ligne…).

Rabobank, banque internationale d’origine néerlandaise, analyse, en coopération avec Royal FloraHolland, les grandes tendances de la floriculture mondiale en 2021.

Croissance du marché mondial

Les exportations de végétaux ont connu une croissance ininterrompue ces 5 dernières années à un rythme annuel de 3,9%. Toutes les catégories (fleurs coupées, plantes en pot, plantes vivaces, annuelles et bisannuelles, bulbes, arbres et arbustes) sont concernées avec toutefois des rythmes de croissance variables. À noter également que la croissance du marché dans plusieurs zones géographiques varie selon la situation économique, la croissance démographique et la structure par âge de la population.

Des producteurs pour chaque marché

Les fournisseurs de 4 pays de l’Équateur (Colombie, Équateur, Kenya, Éthiopie) ont généré une transformation importante du commerce international de fleurs et feuillages coupés et il y a 5 ans. Depuis, l’orientation des flux commerciaux a peu évolué : les producteurs de Colombie et d’Équateur continuent d’approvisionner le marché nord-américain tandis que les producteurs du Kenya et de l’Éthiopie maintiennent comme cible le marché européen.

Les Pays-Bas demeurent la plus grande plateforme du commerce international en floriculture, livrant tous types de végétaux principalement en Europe. Les bulbes hollandais font figure d’exception avec des exportations à travers le monde.

Tendances observées dans les plus grands marchés mondiaux de fleurs coupées

Les États-Unis : la Colombie est de loin le principal fournisseur de fleurs coupées des États-Unis avec des importations qui atteignent près d’1 milliard de dollars US (0,87 milliard d’euros). Les fleurs coupées provenant de Colombie sont acheminées par transport aérien ou maritime. La Colombie possède une gamme de produits relativement large comparée à l’Équateur dont la production de fleurs coupées est à environ 80% composée de roses. La Colombie produit non seulement des roses mais aussi des chrysanthèmes, des œillets et des lys.

UE-28 : les importations totales de fleurs coupées des pays hors UE vers l’UE et le Royaume-Uni atteignent près d’1 milliard d’euros. Les exportations de fleurs coupées en provenance du Kenya et de l’Éthiopie vers l’UE ont diminué entre 2015 et 2020, en particulier entre avril et août 2020 en raison d’une pénurie de fret aérien. Néanmoins, en raison du prix élevé des fleurs coupées depuis juin 2020, la valeur totale des exportations kényanes et éthiopiennes en 2020 est la même qu’en 2015.

Royaume-Uni : le Brexit a constitué un changement majeur dans le commerce international de ces 5 dernières années et pourrait faire évoluer la chaîne de valeur dans les prochaines années. Si en 2020, les Pays-Bas représentaient près de 80% des importations britanniques en fleurs coupées, le gouvernement tente depuis le Brexit de créer des accords commerciaux avec des pays hors UE, ce qui pourrait faire évoluer la part des pays dans les importations du Royaume-Uni en fleurs coupées.

Russie : bien que représentant l’un des 5 plus grands clients de fleurs coupées, la Russie est un marché volatil. Les relations entre l’UE et la Russie sont instables depuis plusieurs années. À cela s’ajoute la volatilité du Rouble par rapport à l’Euro et le Dollar américain qui influence considérablement le niveau de compétitivité des fournisseurs.

Japon : le Japon est le plus grand importateur de fleurs coupées d’Asie avec toutefois une stabilité des importations depuis 2015. Ses principaux pays fournisseurs sont des pays d’Asie du Sud-Est tels que la Malaisie, la Chine, le Vietnam, Taïwan et la Thaïlande.

Montée du commerce en ligne

Le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la France et l’Allemagne connaissent une croissance continue des circuits de distribution en ligne. Une croissance renforcée par la pandémie et l’augmentation du nombre d’acteurs sur ce marché. Avec des consommateurs désormais habitués à acheter des fleurs et plantes en ligne, le marché devrait continuer de croître.

Tandis que les fleuristes ont du mal à conserver leurs parts de marché, les jardineries suivent une autre tendance : elles ont en général perdu des parts de marché pour les plantes d’intérieur mais en gagnent pour les plantes d’extérieur. Une situation qui a pu toutefois être influencée par les mesures sanitaires prises par les gouvernements.

Le transport maritime est une alternative

Le recours au transport maritime croît depuis la dernière décennie, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le coût du transport aérien a augmenté ces dernières années et dans ce marché hautement compétitif, la réduction des coûts compte particulièrement. De plus, les distributeurs organisés sont davantage concernés par les émissions de dioxyde de carbone issues de la chaîne d’approvisionnent et veulent baisser l’impact carbone de leurs produits.

Autre raison : la pandémie qui a fortement perturbé les vols internationaux de passagers et le prix du transport aérien. Le commerce de fleurs coupées par voie maritime a connu une progression de 40% sur la période 2015 – 2020. L’usage de conteneurs maritimes pour le transport de roses du Kenya vers l’Europe est encore à ses balbutiements mais les fournisseurs de services logistiques et les grossistes en fleurs coupées testent les meilleures conditions pour transporter ces fleurs.

Approvisionnement écoresponsable

Face aux attentes du marché et des ONG en matière d’engagement écoresponsable, la filière a créé la FSI (Floriculture Sustainability Initiative). L’ambition de ses membres était de produire et de vendre au moins 90% de fleurs et plantes écoresponsables d’ici 2020. Fin 2020, cette part a atteint 73% des tiges de fleurs coupées et 81% des plantes d’intérieur.

En outre, la FSI vise pour 2025 à établir des exigences plus élevées en matière de comportements écoresponsables avec l’introduction et l’amélioration de rapports d’évaluation en matière de développement durable (analyse de cycle de vie, empreinte carbone, salaires…).

Nouveaux marchés en floriculture

Ces 5 dernières années, l’industrie a cherché à exploiter de nouvelles opportunités de marché aux frontières sud-ouest du Golfe persique. Le marché a cru sans interruption entre 2015 et 2019 et malgré des perturbations en 2020, les perspectives dans cette région sont favorables compte tenu d’un contexte économique encourageant et de la capacité des consommateurs et entreprises à acheter des fleurs coupées. Les 3 principaux fournisseurs (Pays-Bas, Kenya et Éthiopie) ont su augmenter leurs parts de marché dans les pays du Golfe ces dernières années.

Tendances émergentes

Les exportations des pays d’Amérique centrale (Salvador, Mexique, Guatemala) ont progressé ces dernières années, et le recul de 2020 devrait se résorber. La demande en jeunes plants tropicaux et boutures (yucca, palmiers) demeure forte sur les principaux marchés et l’Amérique du Nord et l’Europe continueront probablement à importer des produits d’Amérique centrale.

En conclusion, la crise sanitaire a fortement perturbé la logistique mondiale. Les détaillants ont dû rechercher de nouvelles façons de vendre des végétaux, conduisant à une hausse du commerce en ligne. Les grossistes et fournisseurs de services logistiques doivent également rechercher de nouvelles façons d’organiser la chaîne d’approvisionnement. Les producteurs ont augmenté leur offre et les ventes ont été fortes en Europe et aux États-Unis.

La question pour l’avenir est de savoir si les consommateurs continueront d’acheter autant de fleurs et plantes. Les ventes de plantes (d’intérieur et d’extérieur) devraient se maintenir à un niveau élevé compte tenu du maintien du télétravail pour une partie de la population. Néanmoins, la situation économique et l’évolution du revenu disponible dans les principaux marchés devraient influencer les dépenses de végétaux d’ornement dans les années à venir.

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