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Pays-Bas, Royaume-Uni, Allemagne, France, Kenya… Situation concurrentielle des grands acteurs de l’horticulture face aux contextes nationaux et défis mondiaux.

Le bilan mondial 2023 du marché du végétal

Les crises qui ont secoué l’année 2023 et le taux d’inflation encore élevé ont déstabilisé de nombreux consommateurs et entreprises, pénalisant le climat de confiance en l’avenir. Comment cette année a-t-elle changé les positions concurrentielles des uns et des autres sur le marché du végétal ? Quels enjeux se dessinent déjà pour 2024 ?

D’après le travail réalisé avec VALHOR, les douze principaux enjeux continuent de modifier les positions concurrentielles des différents pays, mais selon les pays et les segments de marché, l’impact de ces enjeux n’est pas le même.

Situation du marché du végétal aux Pays-Bas et au Royaume-Uni

Les Pays-Bas

En 2023, les exportations néerlandaises de fleurs et de plantes ont enregistré une nouvelle baisse globale de 4%. Les fleurs coupées ont le plus souffert avec – 5%, les plantes ont un peu mieux résisté avec -3% tandis que les exportations des produits de pépinière restent toujours bien orientées.

Les Pays-Bas jouent toujours un rôle essentiel en important puis en réexportant 40 % des fleurs vendues dans le monde. Les producteurs d’autres régions du monde remettent en question l’influence traditionnelle des Pays-Bas sur ce marché.

Le poids de la production néerlandaise diminue lentement mais sûrement. Les marchés coopératifs néerlandais tentent de compenser cette baisse par les performances de leurs plateformes numériques, leur efficacité logistique et leurs forces de commercialisation pour rester la plaque tournante mondiale du commerce des fleurs et plantes.

Au Royaume-Uni

L’Horticultural Trade Association (HTA) appelle à une action urgente en matière d’aide au commerce, de report des mesures de fin d’utilisation de la tourbe et de soutien aux producteurs, indispensable pour garantir la réalisation du potentiel bénéfique du végétal pour l’économie et les objectifs environnementaux du Royaume-Uni.

Au sud de l’Europe, l’Italie, l’Espagne, mais aussi la Turquie

Aujourd’hui, l’Italie est le deuxième producteur et exportateur européen de fleurs coupées, de plantes en pot et de produits de pépinière en conteneurs, majoritairement à destination des pays européens. De nombreuses entreprises de fleurs coupées ont disparu. La réduction des terres disponibles pour la culture et la faiblesse des bénéfices ont poussé de nombreuses petites entreprises à se réorienter vers la production de légumes.

La production de plantes ornementales en pot et de pépinières en conteneur s’est stabilisée, les plus grandes entreprises se sont consolidées. Ce sont les questions logistiques et règlementaires pour l’exportation qui pénalisent le plus l’expansion de l’horticulture italienne.

En Espagne, ce sont les questions de disponibilité en eau et le manque de main-d’œuvre qui peuvent pénaliser la production, tandis que les questions règlementaires et logistiques vont gréver l’exportation. Le marché britannique se réduit suite au Brexit pour les exportations ibériques, seuls les marchés du Moyen-Orient progressent.

Au sud de l’Europe, le cas de la Turquie fait figure d’exception. Ce pays se classe au 19e rang parmi les exportateurs mondiaux de plantes ornementales. L’ambition de la Turquie est d’atteindre, en 2025, les 500 millions de $ d’exportations pour l’horticulture ornementale. La diversification des cultures ornementales se fait rapidement, y compris pour les plantes en pot.

À l’est de l’Europe : l’Allemagne et la Pologne

L’Allemagne est le pays où les règlementations qui s’appliquent sont les plus contraignantes. En raison des normes sociales et environnementales élevées, la filière horticole nationale, qui a pour ambition d’approvisionner en arbres l’infrastructure verte allemande, subit une augmentation massive de ses coûts en raison d’une pression fiscale de plus en plus élevée.

La Pologne est devenue un acteur majeur pour la production et le commerce de produits horticoles. La filière s’est bien structurée, la qualité et les quantités sont fiables, la logistique et la capacité à exporter s’améliorent rapidement.

Autour de la ceinture équatoriale, en Afrique de l’Est et en Amérique du Sud

Au Kenya, la filière horticole traverse un passage difficile depuis deux ans. L’industrie florale kényane tient le coup, mais les choses ne sont pas simples. Les trois principaux problèmes qui pèsent sur les producteurs et les exportateurs sont les coûts de transport élevés, les réglementations fiscales émises par le nouveau gouvernement et les variations climatiques défavorables. Les marchés évoluent, de nombreuses exploitations se diversifient pour offrir un avantage concurrentiel en proposant d’autres végétaux que des roses. Les fermes kényanes commencent aussi à proposer des bouquets tout faits.

L’industrie florale éthiopienne a connu une croissance remarquable au cours de ces dernières années. Elle est devenue le deuxième exportateur de fleurs d’Afrique et le cinquième sur le plan mondial. Mais cette année, elle risque d’être durement touchée par l’escalade de la violence dans la région nord d’Amhara, menaçant sa productivité et sa rentabilité.

La Colombie est le deuxième producteur de fleurs coupées du monde, et le principal fournisseur des États-Unis. La production de fleurs y est réservée pour 98% à l’export. Aujourd’hui, la Colombie a intégré un ensemble de bonnes pratiques, notamment environnementales et sociales, facilement identifiables à travers deux labels : la “Certification Rainforest Alliance”, et le « FlorVerde ». La Colombie produit 25 % de l’offre mondiale de roses, mais l’offre tend à se diversifier. Cette année, c’est le changement climatique qui perturbera la production de fleurs.

L’Equateur, est le troisième exportateur mondial de fleurs coupées, avec des roses très haut de gamme, exportées vers plus de 120 pays. Pour rendre cette quasi mono-production moins sensible aux fluctuations économiques, une diversification s’installe. Mais la pression des menaces sociales et environnementales est de plus en plus forte.

En Asie, un marché du végétal en devenir

Les développements de l’horticulture ornementale sont très rapides et largement soutenus par les autorités en place qui encouragent de gros projets d’investissements de matériel de production High-Tech avec l’aide de spécialistes néerlandais. Pour le moment, la production cherche à satisfaire la demande intérieure, mais les ambitions d’exportation ne sont pas exclues.

perspectives 2024 pour le marché du végétal français

En France, pour l’année à venir, comparativement à ces différents pays, la filière horticole se situe dans une position assez médiane entre menaces et opportunités. Les pressions règlementaires sont moins immédiates et contraignantes qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas. La disponibilité en eau semble s’améliorer, la consommation et la distribution peinent à cause de l’inflation mais le marché des végétaux d’ornement résiste.

La production doit absorber les différentes hausses de prix qu’elle a subies en 2023, mais les potentialités sont encourageantes car les fleurs et les plantes en provenance de l’étranger seront aussi chères et pas toujours disponibles en quantités. C’est une chance à saisir pour une renaissance de la production locale surtout pour le segment des fleurs coupées.

Brand WAGENAAR, Décembre 2023 – E mail : brandwagenaar@icloud.com

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  • Sources : veille internationale semaines 48 à 52 2023