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Résumé d’informations internationales semaines 48 à 52 et analyse :
Il y a un an, l’actualité horticole indiquait que les filières en Europe, en Amérique du Nord et en Afrique sortaient renforcées de deux années pandémiques éprouvantes. L’embellie ne dura que deux mois. Les fortes hausses de coûts, suite à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, ont soudainement menacé le bon déroulement de la saison 2022.
Les préoccupations que l’on pensait être de moyen terme se sont imposées brutalement comme des urgences, mettant en péril l’existence même de ces filières : la dépendance énergétique, l’évolution climatique, l’adaptation de la main-d’œuvre en disponibilité et en compétence.
Les aspects économiques
Les prix de l’énergie
Même s’ils ont tendance à se stabiliser, ils ne reviendront pas au niveau de la décennie précédente. Les énergies fossiles resteront chères et en disponibilité limitée. Les organisations de recherche et d’accompagnement des filières, principalement aux Pays-Bas, tournent délibérément leurs capacités de recherche et d’investissement vers des solutions alternatives en termes de sources d’énergie, mais aussi vers une adaptation des méthodes et matériels de cultures avec l’aide de l’IA (Intelligence Artificielle) et des nouvelles technologies et en adaptant les variétés et les espèces à cultiver.
La baisse de production de fleurs coupées aux Pays-Bas favorise les importations en provenance du Kenya et de l’Ethiopie. Les productions locales vont également mieux pouvoir accéder à leurs propres marchés.
L’inflation et les taux d’intérêt
Les efforts de tous les acteurs du monde économique contribuent désormais à une stabilisation des prix et des taux d’intérêt, et donc à un repli progressif de ces deux dangers intimement liés. D’après la Banque de France, en 2023, l’inflation se situerait de nouveau à 6,0 % en moyenne annuelle, mais avec un profil temporel très différent, c’est-à-dire avec un pic au premier semestre et une décrue, progressive mais nette, sur le reste de l’année. C’est au Royaume-Uni que les conséquences de l’inflation sont les plus préoccupantes.
Le pouvoir d’achat
Pour l’avenir des filières horticoles, ce n’est pas tant la baisse relative du pouvoir d’achat des ménages qui compte, mais surtout le niveau de leur confiance en leur avenir et les arbitrages qu’ils vont faire pour leurs dépenses. A la Toussaint et lors des fêtes de fin d’année, pour les végétaux d’ornement, ce sont les plus petits contenants et les plus petits prix qui ont le mieux performé.
Les aspects environnementaux
Le réchauffement climatique
Indéniable, prouvé et inévitable à court terme, il appelle des solutions qui sont possibles à mettre en œuvre par les filières horticoles, mais qui demandent des changements d’habitudes. Adaptation variétale, adaptation des méthodes de culture, apprentissage de la gestion économe de l’eau disponible. Les métiers du paysage proposent des solutions positives pour lutter contre le réchauffement climatique, réguler les températures, absorber et stocker les émissions de CO2. Le calcul et l’affichage des émissions de gaz à effet de serre vont devenir obligatoires pour les entreprises. La WUR aux Pays-Bas est déjà en phase d’expérimentation des logiciels d’ACV (Analyse du Cycle de Vie) destinés aux calculs concernant les produits horticoles.
Les règlementations européennes
Celles qui concernent l’usage des produits phytopharmaceutiques à risque débouchent dans tous les pays, tant pour la production que pour la distribution, sur des impasses non encore résolues. Les restrictions d’utilisation des tourbes dans les substrats sont aussi des questions largement débattues en Irlande, en Allemagne, et maintenant aux Pays-Bas. L’utilisation de l’eau pour l’arrosage des cultures devient également un sujet de règlementation polémique.
Gestion des déchets et recyclage
En premier lieu, les plastiques font l’objet de règlementations très contraignantes, particulièrement en Allemagne, et ces règlementations vont rapidement gagner le reste de l’Europe. D’autre part, le recyclage des matières plastiques, des autres déchets y compris des déchets végétaux, peut apporter des solutions aux difficultés d’approvisionnement de certaines fournitures.
Les aspects sociaux
Adaptation de la formation
Dans tous les pays, les besoins d’adaptation des filières horticoles aux évolutions très rapides de l’économie, de la technologie et de l’environnement se font sentir.
Communiquer une image attractive des métiers
La perception passée mais persistante de la pénibilité des métiers de ces filières ne favorise pas assez les nouvelles vocations. Les progrès environnementaux et technologiques des entreprises qui font évoluer les métiers sont encore méconnus des jeunes.
Favoriser l’avenir des entreprises
Enfin, dans tous les pays à vocation horticole, le vieillissement des dirigeants d’entreprise commence à poser un problème et les dernières secousses économiques ne favorisent pas les jeunes entrepreneurs. De nouvelles techniques de financement sont à l’étude dans les banques de nos filières, et les fonds de pensions s’intéressent maintenant de près à l’horticulture.
En matière d’actualité horticole, la feuille de route pour 2023 n’est vraiment pas facile à écrire. Il faut se préparer à l’inattendu, tant positif que négatif, travailler la souplesse et l’adaptabilité des organisations, communiquer largement sur les atouts des métiers du végétal tout en conciliant les aspects économiques, la préservation de l’environnement dans une approche sociale équilibrée.
Brand Wagenaar