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Il explore également le critère d’écoresponsabilité par rapport à d’autres critères d’achat et les leviers offerts aux entreprises pour s’adapter à ce contexte de consommation.

Dans un récent article, le Boston Consulting Group, consultant international, dresse un portrait des consommateurs français face au contexte économique actuel. Les résultats sont issus d’une enquête conduite auprès de 1 400 Français en juillet 2024 soit, après les élections législatives et juste avant le début des Jeux Olympiques.

Regard des consommateurs Français sur la situation économique et leur situation personnelle

Les résultats de l’étude montrent en premier lieu que les Français se déclarent davantage inquiets de la situation de leur pays que dans les autres pays européens. Ils sont par ailleurs plus inquiets de la situation économique (67% contre 49%), du climat culturel et social qu’en moyenne en Europe (50% contre 40%). 55% des Français sont pessimistes concernant la nature et le changement climatique contre 48% en moyenne en Europe.

En ce qui concerne leur situation personnelle, les Français se situent à un niveau plus proche de la moyenne des Européens : au niveau de leur santé mentale (64% en France et en Europe), de leur santé physique (57% en France et 56% en Europe) et la sécurité de leurs données personnelles (30% en France contre 36% en Europe).

En revanche, les Français sont moins nombreux à se sentir bien dans leur situation financière personnelle : 35% contre 43% en moyenne en Europe.

Des effets de l’inflation sur la consommation qui perdurent

Si l’inflation a ralenti en début d’année, ses effets s’attardent. Près de 7 Français sur 10 ont constaté des prix plus élevés au premier semestre 2024. Au cours de cette période, seulement 9% ont déclaré avoir un revenu plus élevé et 11% une épargne plus élevée. Dans un contexte de hausse des prix, les Français interrogés déclarent dépenser davantage en produits de base. Si l’épicerie est la seule catégorie des 11 étudiées affichant une hausse nette au premier semestre 2024 (5%), les consommateurs déclarent essayer de couper dans les dépenses de produits d’épicerie en achetant moins, cherchant des promotions et s’orientant vers des marques moins chères.

Pour compenser, les consommateurs réduisent leurs dépenses dans la plupart des autres produits en achetant moins mais aussi en achetant des produits de moins bonne qualité et en recherchant des bonnes affaires et promotions.

La pression que ressentent les Français ne s’atténue pas. Au moment de l’étude, plus de 6 Français sur 10 s’attendent qu’au second semestre 2024 les prix continuent d’augmenter et leurs revenus et épargne continuent de stagner ou décliner.

Les sentiments concernant l’avenir proche ne sont pas tous négatifs. La part des personnes qui s’attendent à ce que leurs dépenses croissent d’ici la fin de l’année 2024 est relativement plus petite que la proportion de ceux qui s’attendaient à voir leurs dépenses augmenter au 1ᵉʳ semestre : 16% contre 37% pour les produits de base et 19% contre 36% pour les produits non essentiels. “Cela indique que le sentiment des consommateurs à l’égard de l’économie a peut-être atteint son plus bas niveau et pourrait signaler un rebond dans les mois à venir”, explique l’article du BCG.

Si les Français sont sensibles à l’environnement et adoptent des pratiques écoresponsables, les comportements divergent parfois de ceux d’autres consommateurs européens. Par exemple, dans l’habillement, les Français achètent moins de vêtements tandis que les Danois recyclent leurs vêtements et les Allemands les réparent pour prolonger leur durée de vie.

L’écoresponsabilité parmi les critères d’achat

Les consommateurs européens déclarent adopter des comportements écoresponsables. Les Français se distinguent un peu dans leurs efforts par rapport aux autres pays européens ; ils font preuve d’écoresponsabilité mais c’est davantage à travers des changements d’habitude plutôt qu’à travers l’achat de produits écoresponsables. Seulement 11% des Français sont disposés à payer davantage pour des produits écoresponsables contre 19% pour l’ensemble des pays interrogés. Un écart qui illustre la différence entre la sensibilité à l’environnement et le passage à l’action.

Une des raisons est que d’autres critères pèsent davantage que l’écoresponsabilité dans l’achat comme le prix, la praticité. Cependant, bien que l’écoresponsabilité ne figure pas en tête des critères d’achat, ce critère est jugé plutôt important que d’autres comme le caractère unique du produit, les recommandations, la qualité supérieure et les programmes de fidélité. Ainsi, les Français sont davantage disposés que les Allemands et Britanniques, à faire des compromis sur certains critères en faveur de produits écoresponsables.

Les Français encore sensibles au commerce physique

Le commerce en ligne est devenu une composante reconnue et à part entière dans la consommation. La majorité des décisions que les Français font, en matière de produits qu’ils prévoient d’acheter, sont influencés par le commerce en ligne à un moment ou un autre du parcours d’achat en recherchant de l’information, de l’inspiration avant achat ou de l’aide pour la livraison ou le retour, Néanmoins, dans seulement 50% des cas, cela aboutit effectivement à un achat. S’ils devaient choisir, plus des ¾ des Français achèteraient le produit dans un magasin physique sans appui en ligne plutôt que d’acheter auprès d’un vendeur 100% en ligne.

Au final, si l’achat en ligne devient incontournable en Europe, les Français restent attachés au commerce traditionnel.

Le commerce en ligne est toutefois apprécié pour sa facilité d’utilisation et son efficacité.

S’adapter à ces tendances

Les entreprises doivent ajuster leur stratégie face à ces comportements de consommation, explique le Boston Consulting Group. Par exemple, dans le contexte économique actuel, les Français ont tendance à acheter moins de produits non essentiels. Ils ont toutefois des préférences en matière de lieu d’achat et restent attachés au commerce physique. Il convient alors d’adapter l’offre en magasin physique à la clientèle locale et de proposer une offre plus large en ligne en incitant les consommateurs à trouver de l’inspiration via le digital. Il s’agit de valoriser la culture locale, les goûts de la région à travers l’offre comme le font déjà actuellement certains acteurs français du commerce.

Le BCG recommande aussi d’ajuster les prix selon l’évolution des volumes, les conditions du marché local, le niveau des prix et la concurrence.

Actuellement, les consommateurs français ont tendance à être plus sensibles au prix et plus hésitants à acheter des produits non essentiels. Ils sont alors moins réceptifs aux programmes de fidélité par rapport à d’autres critères d’achat. De ce fait, le cabinet suggère aux entreprises d’individualiser davantage les programmes de fidélité et promotions, notamment avec la base client et l’intelligence artificielle.

Dans ce contexte, la collecte de la donnée reste essentielle pour capitaliser sur la relation client.

Pour aller plus loin

Source : French Consumers Tighten Budgets But See Better Times Ahead | BCG. Information diffusée dans la newsletter BCG Weekly Recap du 01/11/2024