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Des enseignements précieux à l’heure où les marges de manœuvre réduites en termes de budget rendent plus que jamais essentiels les éléments quantitatifs et le « retour sur investissement » des espaces verts.

une analyse inédite sur les bienfaits des espaces verts urbains

L’Unep-Les Entreprises du Paysage a fait appel au cabinet d’études et de conseil Astérès pour la réalisation d’une analyse économique des espaces verts en France. L’objectif : apporter une vue large sur le volume des bienfaits apportés par les espaces verts urbains sur la santé et l’environnement mais aussi traduire monétairement la valeur correspondant à ces bienfaits. Pour ce faire, plus de 70 travaux de recherche académiques et rapports internationaux ont été étudiés. Pour mesurer l’importance des espaces verts, des indicateurs de volume (surface des espaces verts, densité d’arbres par habitant…) et d’accessibilité ont été employés (superficie ou nombre d’espaces verts dans un rayon de 100 m ou à 10 minutes de marche…).

Cette étude vient objectiver l’argumentaire sur les services écosystémiques rendus par le végétal en ville avec des données applicables aux villes françaises.

Des effets sur la santé physique et mentale attestés par des études scientifiques

Sur le plan sanitaire, la présence d’espaces verts améliore les fonctions cognitives, le bien-être et la santé physique. Elle réduit les risques de pathologies chroniques, notamment le diabète et l’asthme.

Par ailleurs, plusieurs études mettent en évidence une meilleure santé mentale ou une baisse des symptômes dépressifs chez les personnes vivant à proximité des espaces verts ainsi qu’un sentiment de bien-être. En matière de fonctions cognitives, le contact avec les espaces verts a des effets bénéfiques sur l’attention, la concentration et la mémoire. Autres effets sur la santé : un meilleur poids des enfants à la naissance, des effets bénéfiques sur le sommeil ou encore des risques moindres de surpoids et d’obésité.

Finalement, la présence d’espaces verts permet d’éviter 22 000 décès ainsi que le traitement de plus de 275 000 pathologies chroniques et problèmes de santé mentale.

Les espaces verts comme réponse aux défis environnementaux

Plusieurs études associent la présence d’espaces verts à une baisse de la température avec des effets réduits d’îlots de chaleur urbains. Une couverture de 16% d’arbres permet de réduire d’1°C la température estivale locale. La présence de végétaux aide aussi à réduire le niveau sonore en ville, qu’il soit perçu ou mesuré. Les espaces verts urbains permettent aussi d’absorber les polluants atmosphériques grâce aux arbres, ce qui se traduit par une meilleure qualité de l’air. Les arbres urbains constituent de véritables puits de carbone, ce qui permet de réduire le CO2 dans l’atmosphère. 14 kg net de CO2 sont séquestrés par arbre et par an rappelle le rapport Astérès pour l’Unep.

Alors que le sujet de l’eau est devenu primordial ces dernières années parmi les problématiques environnementales, il convient de rappeler que les espaces verts améliorent la capacité de rétention des eaux de pluie, réduisant ainsi les risques d’inondations et leurs conséquences.

La présence d’espaces verts a également des effets sur le climat social. Des espaces verts bien conçus et entretenus renforcent le sentiment de sécurité (sauf dans les villes très denses) et réduisent la criminalité en ville.

Par ailleurs, les espaces verts favorisent les interactions sociales du quartier.

Quantification des bienfaits des espaces verts

Astérès a appliqué à un périmètre de 72 villes françaises les impacts identifiés par les études scientifiques couvrant ainsi un tiers de la population française. Le cabinet a ensuite quantifié les bénéfices cumulés du stock d’espaces verts estimé pour l’année 2023 en appliquant les effets identifiés et retenus par la littérature à la population du périmètre. En matière de santé, Astérès applique un taux de prévalence national (proportion des personnes touchées) des maladies et autres problèmes de santé aux 72 villes et les bénéfices identifiés des espaces verts à la prévalence actuelle.

L’application d’une méthode rigoureuse pour chaque bénéfice des espaces verts mesurés met en évidence les résultats suivants.

La présence des espaces verts aurait été à l’origine en 2023 :

  • De 22 000 vies sauvées,
  • De 275 000 pathologies évitées,
  • D’une réduction de la température moyenne des villes en été de 1,4°C, évitant ainsi 370 décès et plus de 800 passages à l’hôpital
  • De 20 Mt de CO2 stocké soit environ 3% des émissions absorbées par les forêts françaises sur 25 ans.
  • L’absorption de plus de 11 000 tonnes de polluants atmosphériques par les arbres urbains, évitant entre autres plus 1 500 cas d’asthme infantile.
  • En termes de volume, les arbres urbains ont principalement absorbé de l’ozone (7 200 tonnes), du dioxyde d’azote (1 800 tonnes) et des particules en suspension (1 500 tonnes).

Traduction monétaire des bienfaits quantifiés

Grâce aux bienfaits des espaces verts sur la santé, des dépenses de santé et des pertes de production ont pu être évitées, pour un montant estimé à 520 millions d’euros.

La séquestration du CO2 a permis d’éviter des dommages futurs estimés à 1 800 millions d’euros.

Au total, la valeur créée par les espaces verts en 2023 est estimée au moins à 2,3 milliards d’euros.

Potentiel de développement des bienfaits des espaces verts

Astérès a modélisé la relation entre la surface d’infrastructures vertes, la population et la surface totale de la ville afin de construire un scénario crédible de progression de la surface des espaces verts.

En augmentant la surface des espaces verts de 14% sur la totalité du périmètre étudié, on évite 24 400 événements de santé indésirables supplémentaires (tous confondus).

En augmentant la couverture d’arbres de 15% à l’échelle du périmètre on pourrait capter 3 Mt supplémentaires de carbone et autres polluants et réduire la température de 0,2°C supplémentaire.

Finalement, + 14% d’espaces verts permettrait de créer 313 millions d’euros de valeur éco-sanitaire supplémentaire.

Inciter à la hausse de la surface des espaces verts pour développer les bienfaits économiques, sociaux et environnementaux

Astérès développe ici une approche à la fois économique, sanitaire et environnementale du volume et de la valeur des bienfaits des espaces verts urbains.

Cette analyse met en évidence le potentiel dans ces 3 domaines mais aussi « un décalage entre les financeurs des espaces verts et les bénéficiaires, autant en termes d’échelons que d’institutions » indique le rapport Astérès pour l’Unep. D’où l’intérêt de réfléchir à des mécanismes d’incitation pour intégrer, au moins partiellement, la valeur des services sanitaires et environnementaux rendus par les espaces verts.

L’une des pistes consiste à intégrer les effets des espaces verts sur l’attractivité des villes, des entreprises et des biens immobiliers avec des retombées économiques et fiscales à l’échelle de la ville, de l’entreprise ou du ménage.