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Dans les pays pour lesquels nous avons déjà les résultats, et, malgré les prix d’achat nettement plus élevés, les ventes de la fête des Mères sont satisfaisantes. Les fleurs coupées en particulier ont été très populaires auprès des consommateurs britanniques. L’Espagne et le Portugal annoncent aussi un chiffre d’affaires en fleurs coupées plus élevé que l’an dernier.

« Selon les derniers chiffres, les fleurs se portent mieux que les plantes », note Wesley van den Berg, le directeur de Floridata.NL qui analyse mensuellement les tendances des exportations néerlandaises sur les marchés. « Les prix élevés s’appliquent aussi aux plantes et les ventes à l’approche de la fête des Mères varient beaucoup selon les segments de clientèle ».

Aux Etats-Unis et au Canada, c’était également une bonne journée, meilleure que ce que les grossistes avaient craint en raison de l’augmentation conséquente des prix.

Le jardinage tient bon…

L’accès possible des consommateurs vers d’autres activités suite à la baisse des mesures sanitaires va probablement calmer le jeu. Toutefois, tant en Europe qu’en Amérique du nord, les nouveaux consommateurs conquis pendant l’épisode de la Covid restent attachés à leurs nouvelles activités de jardinage. Par exemple, au Royaume-Uni, le distributeur TESCO et l’Association des métiers de l’horticulture (HTA) ont constaté que 3 millions de nouveaux jardiniers avaient émergé pendant les confinements, dont 2,3 millions poursuivent leur nouveau passe-temps cette année.

Mais les professionnels restent inquiets

Cependant, ces fêtes des Mères satisfaisantes se situent dans un contexte de saison de printemps compliquée. Entre la guerre Russie – Ukraine qui pourrait se prolonger aux portes de l’Europe et une menace de sècheresse climatique qui se précise d’année en année, si l’on y ajoute la poussée inflationniste, l’enthousiasme n’y est pas pour les consommateurs. Toutes les analyses d’opinion effectuées pendant les mois d’avril et de mai démontrent un pessimisme grandissant qui influence négativement l’envie de consommer, principalement en Allemagne.

De ce fait, le manque de production que l’on avait constaté pour les fleurs coupées et les plantes en pot depuis le dernier semestre 2021 se résorbe progressivement. L’équilibre est de plus en plus difficile à trouver entre l’augmentation rapide des prix de revient, l’adaptation nécessaire des prix de vente et le seuil d’acceptabilité des consommateurs.

L’impact de la guerre se propage

En trois mois, la guerre entre la Russie et l’Ukraine et par extension les sanctions économiques prises par les pays occidentaux ont changé définitivement le marché de l’énergie en Europe. Ces changements ne seront pas sans conséquences sur la répartition des parts de marché des fleurs et plantes. Les pays du Nord de l’Europe, très dépendants du gaz russe sont fortement impactés et ont recours à l’aide des pouvoirs publics, alors que les pays du Sud de l’Europe trouvent plus facilement des solutions alternatives.

La Turquie, par exemple, a de grandes ambitions en visant un objectif d’1/2 milliard d’€ pour l’exportation de ses fleurs et plantes en 2023. Ce pays dispose de beaucoup d’avantages : carrefour entre les continents, six zones climatiques différentes, moindres besoins en énergie, main-d’œuvre disponible et peu chère, accès aux marchés européens par camion et non par avion. Il leur manque provisoirement : du savoir-faire, une palette plus large de végétaux, la pratique des contraintes de certification et les réseaux commerciaux.

Le Ministre néerlandais du climat pointe un grand risque de délocalisation de l’horticulture sous serre néerlandaise qui pourrait se déplacer à l’étranger en raison de la tarification européenne du CO2. Glastuinbouw Nederland, principal réseau entrepreneurial du secteur néerlandais de l’horticulture sous serre, trouve cette évolution indésirable et souligne que la durabilité doit prendre en compte des éléments qui vont au-delà de la seule réduction des émissions de CO2.

Adaptabilité et résilience à mutualiser

L’adaptabilité est devenue une caractéristique des filières fleurs et plantes. Pourtant, les défis sont énormes et urgents :

  • recherche d’alternatives aux sources d’énergie défaillantes ;
  • recherche d’alternatives à l’utilisation de la tourbe dans les substrats ;
  • recherche d’alternatives aux matières actives interdites, recherche d’alternatives à l’utilisation des matières plastiques ;
  • obligation de diminuer fortement les émissions de CO2 dégagées par l’activité horticole..

Les organismes de recherche des pays actifs en horticulture étudient activement des solutions.

Entre pessimisme et optimisme

Les nouvelles technologies de mesure et de pilotage de la photosynthèse par l’I.A. et la gestion des données captées, analysées et utilisées en instantané laissent entrevoir un avenir plus rassurant. Si l’on ajoute à cela les nouvelles tendances sociétales écoresponsables, il reste un bel espace pour les actions concertées et coordonnées au sein de notre filière.

Mais c’est aussi et surtout en mutualisant les grands axes de R & D et les moyens disponibles avec les autres filières végétales et avec celles de nos voisins européens que nous pourrons relever tous les défis qui nous attendent.