Mon espace pro

Autre dynamique observée : le redémarrage du secteur de la construction des serres avec, là aussi, des situations contrastées selon les régions du monde.

Marché de la fleur à l’est de l’Europe

Les affirmations présentant la fleur comme un objet de luxe qui sera rapidement victime de l’inflation et des contextes géopolitiques difficiles ne se confirment pas toujours. À l’est de l’Europe, les filières de fleurs résistent plutôt bien à ces deux fléaux.

EN Ukraine et Russie

Les exportations de fleurs coupées vers l’Ukraine et la Russie n’ont que légèrement diminué en deux ans, passant de 243,5 millions d’euros en 2021 à 223,7 millions d’euros en 2023. Le marché ukrainien est plus petit, mais la baisse est proportionnellement plus importante.

En Roumanie

Cette année, le commerce de détail des fleurs approche les 40 millions d’euros, d’après les estimations, soit près de 10 millions d’euros de plus que 2023. Selon les analystes, la dynamique spectaculaire des ventes est principalement due à l’augmentation significative du prix des fleurs, qui a également entraîné une augmentation significative du chiffre d’affaires de plus de 7 700 entreprises opérant dans ce secteur. 80% des fleurs vendues proviennent des importations, principalement des Pays-Bas.

EN Pologne

Elle a de nouveau augmenté ses importations de fleurs et de plantes en provenance des Pays-Bas. Elle reste en 2023 la 5ème destination pour les produits néerlandais de l’horticulture ornementale. Ce pays souffre depuis plusieurs années d’un niveau d’inflation particulièrement élevé. Ce sont les circuits de grande distribution qui portent cette croissance en agrandissant leur gamme et en améliorant la qualité, au détriment des magasins traditionnels de fleurs qui peuvent de moins en moins se différencier.

Au Kazakhstan

Comme le rapporte le ministère du Commerce et de l’Intégration, en 2023, le pays a importé pas moins de 149,8 millions de fleurs pour 61,1 millions de dollars, soit 29 % de plus qu’en 2022.

Croissance au Moyen-Orient et en Asie pour les nouveaux projets de serres

La pandémie de covid-19 et la guerre en Ukraine avaient entraîné une période difficile pour le secteur de la construction de serres. Le redémarrage est perceptible mais le secteur est confronté à des augmentations importantes du coût des matériaux (en moyenne +30% et +50% pour le verre). Les constructeurs et fournisseurs de technologie néerlandais assurent 80 à 90% des nouvelles serres dans le monde. La construction annuelle s’étendait sur environ 3 500 ha, principalement en verre.

La perturbation des chaînes d’approvisionnement internationales en floriculture, la montée en régime des productions « locales », les conséquences du changement climatique, vont ralentir un peu ce rythme.

Ces dernières années, la croissance du secteur de la construction de serres, tirée par la demande des consommateurs pour une plus grande sécurité alimentaire et une tendance à diminuer les distances parcourues entre production et consommation, était en Amérique du Nord.

Elle stagne en Europe et progresse maintenant en Australie, au Moyen-Orient et en Asie, surtout en Chine. La Chine passe en un temps record d’une horticulture ancestrale à une horticulture de haute technologie, principalement dans la province du Yunnan, où la croissance rapide de l’industrie horticole revitalise de nombreuses zones rurales.

En Europe de l’Ouest, les filières et producteurs  horticoles en appellent aux autorités

En Europe de l’Ouest, les responsables de filières et les organisations professionnelles sont devenus très actifs dans les opérations de lobbying auprès de leurs gouvernements et auprès des institutions européennes.

En Allemagne, un large éventail de professionnels, d’associations et de scientifiques ont élaboré le « paquet de mesures pour l’avenir de l’horticulture » et l’ont remis fin février à la secrétaire d’État du ministère fédéral de l’Alimentation et de l’Agriculture, Silvia Bender. Ce rapport répertorie tous les défis du secteur horticole et présente les mesures prioritaires et d’accompagnement destinées à contribuer à assurer l’avenir des entreprises et producteurs horticoles.

Au Royaume-Uni, dans une lettre adressée au Premier ministre, le président de la HTA, James Barnes, a souligné les risques critiques pour l’horticulture britannique du changement imminent de politique frontalière.

Alors que la consommation de fleurs et plantes a globalement bien résisté aux crises pandémiques et géopolitiques, la situation des producteurs horticoles se dégrade en Europe, résiste bien en Amérique du Nord et s’améliore nettement en Asie.

Brand WAGENAAR, Mars 2024 – E mail : brandwagenaar@icloud.com

A télécharger

  • Sources : veille internationale semaines 10 à 13 2024