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Une analyse qui vise à « éclairer les démarches de sobriété mises en œuvre par les entreprises sur leur chaîne de valeur ».

D’après le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), la sobriété est aujourd’hui incontournable pour faire face au réchauffement climatique. Cet organe scientifique définit la sobriété comme « l’ensemble des mesures et pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter la demande d’énergie, de matériaux, de terres et d’eau tout en assurant le bien-être humain pour tous dans le cadre des limites planétaires ». 

L’effet levier de la sobriété dans les affaires

La sobriété dans les affaires se révèle comme le levier le plus puissant au service de la soutenabilité puisqu’il agit sur l’offre, la demande et les parties prenantes, indique l’étude prospective CCI Paris Ile-de-France.

L’étude met en lumière des stratégies amorcées par des entreprises qui, en agissant sur les maillons de la chaîne de valeur, « posent les premières pierres de modèles qui réduisent les flux et apportent une prospérité fondée sur d’autres leviers. De la conception au recyclage, en passant par la fabrication ou la relation-client, de plus en plus d’éta

La sobriété à toutes les étapes de la chaîne de valeur

CCI Paris Ile-de-France distingue plusieurs tendances à travers ces démarches d’entreprise :

Conception et design : intégration de moins de technologie dans les biens finis ou les systèmes. Diversification des usages de biens, espaces ou infrastructures (multifonctionnalité).

Approvisionnement : décentralisation de la production pour être au plus près des matières premières ou intrants. Rémunération du producteur pour qu’il utilise moins de ressources.

Production : réduction des volumes de fabrication, de produits ou gammes pour les biens et services. Modèles de production plus personnalisés.

Emballage, conditionnement, stockage : recherche d’une diminution des emballages qui n’enlève pas les informations qu’ils contiennent.

Transport/logistique aval : modération de la demande de transport, amélioration du remplissage des moyens de transport, recours accru au train. Parmi les leviers de diminution de la demande de transport : optimisation des itinéraires, livraisons collectives, temporalité des tournées.

Marketing/publicité : « des entreprises se créent ou se développent en renonçant à toute campagne de promotion ou de marketing, préférant consacrer leur budget à la durabilité des produits ; d’autres passent par ces maillons pour promouvoir des comportements responsables. »

Usage/consommation : en particulier pour les produits dont l’usage génère un bilan carbone élevé (exemple : appareils pour la maison), les stratégies menées sont : recherche du bon usage des biens, lutte contre le gaspillage, réparabilité.

Relation-client et service après-vente : des entreprises incitent les clients à moduler leur abonnement à la baisse pour en améliorer l’usage. Ceci favorise la confiance et la relation client.

Réparation, recyclage et rebut : les entreprises essaient de rendre la réparation d’un bien préférable au rachat d’un neuf par un accès facilité aux pièces détachées, et de faciliter son recyclage.

Un besoin d’engagement collectif

Des entreprises pionnières en matière de sobriété émergent dans tous les secteurs d’activité. Néanmoins, l’étude explique que le cheminement vers la sobriété est à la fois difficile et complexe car il nécessite des transformer des modèles d’affaires et de faire concilier recherche de rentabilité et de soutenabilité pour la planète. Il s’agit aussi de revoir les indicateurs de performance de l’entreprise.

Les normes de financement et de comptabilité doivent également être revues. L’étude précise aussi que les entreprises « ont besoin que l’effort soit partagé par tous et que l’État contribue à la sobriété par de nouvelles conditions économiques, réglementaires et institutionnelles. Il ne saurait, en effet, y avoir sobriété sans un récit collectif à l’attention de tous les acteurs, un travail sur la manière dont les humains comprennent leurs besoins, une interrogation sur la question du « quoi produire ? et un élargissement des référentiels comptables à la dimension environnementale. »

Il est par ailleurs recommandé à travers l’étude prospective un droit à l’expérimentation (et à l’erreur) dans la mesure où les initiatives courageuses ou audacieuses pour sortir des modèles d’affaires dominants peuvent contribuer à construire « la voie d’une soutenabilité réussie pour les entrepreneurs de demain ».

CCI Paris-Ile-de-France précise également que « de grands groupes comme des PME en passant par des ETI, il n’y a pas de taille pour être sobre. Les expériences relatées apportent leur brique à la recherche de compatibilité entre sobriété et rentabilité». Chaque entreprise doit alors puiser dans ces expériences pour construire sa propre stratégie vers la sobriété.