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Crédits photo : Alexandre Bourgois

A l’occasion du Salon du Végétal d’Angers, l’Interprofession VALHOR a organisé le 10 septembre 2024 deux tables rondes consacrées aux poteries zéro déchet. A cette occasion, des professionnels du végétal, des industriels et des acteurs de l’expérimentation ont pu faire part de leurs retours d’expériences et échanger sur les atouts et contraintes de ces alternatives aux pots en plastique.

Table ronde n°1 :

Réduire sa consommation de plastique – atouts et contraintes des poteries zéro-déchet

Intervenants :
– Lionel DEBAUGE, Directeur de Klasmann Deilmann France
– Maxime DUPONT GENDRON, Conseiller Horticulture-Pépinière de PLANETE Légumes Fleurs et Plantes
– Mikaël MERCIER, Pépiniériste en Bretagne et Pilote du groupe de travail « Ecoconception et recyclage des pots horticoles » de l’Interprofession VALHOR
– Julien PERREVE-GENET, Directeur de Fertil et représentant le groupement FLORALT (Fertil/Jiffy/Véolia Agriculture)
– Héloïse ROYER, Ingénieure d’expérimentation de l’Institut des professionnels du végétal ASTREDHOR

Animation par Denis CHEISSOUX, Journaliste

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Table ronde 1 : Réduire sa consommation de plastique : atouts et contraintes des poteries zéro-déchet

Table ronde n°2 :

Poteries zéro-déchet – retours d’expérience en production et sur des chantiers d’aménagements paysagers

Intervenants :
– Mikaël MERCIER, Pépiniériste en Bretagne et Pilote du groupe de travail « Ecoconception et recyclage des pots horticoles » de l’Interprofession VALHOR
– Hervé SIMIER, Gérant de la SCEA Simier (41)
– Damien VIVIER, Gérant des Pépinières Damien Vivier (38)
– Renaud VITAL-DURAND, Acheteur Projet chez Terideal (69)

Animation par Denis CHEISSOUX, Journaliste

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Table Ronde 2 : Pots zéro déchet : retours d’expérience en production et sur des chantiers d’aménagements paysagers

Des solutions alternatives aux plastiques qui ont bien évolué ces dernières années

Les stations d’expérimentations accompagnent depuis le début des années 2000 les professionnels dans la réalisation de tests des poteries biosourcées. Ils constatent que les produits proposés par les industriels ont fortement évolué ces dernières années :

  • Les solutions de pots « zéro déchet » existent pour des diamètres maximaux de 18 à 20 cm, les pots de 3 L étant les plus gros actuellement commercialisés dans le monde
  • <La tenue dans le temps s’est nettement améliorée (jusqu’à 8-9 mois pour certains pots)
  • Des parois plus lisses facilitent le dépilage et rendent la mécanisation possible
  • Une meilleure connaissance des méthodes de culture adaptées à ces pots :
    • gestion de l’eau : favoriser le goutte-à-goutte pour les végétaux de pépinière plutôt que la subirrigation ou l’aspersion, besoin d’apports d’eau plus fréquents car le pot est poreux (risque d’assèchement du plant sinon)
    • gestion de l’aération : la surélévation des pots par rapport au sol est conseillée pour limiter leur détérioration ; en fonction de la composition des pots, les plaques de culture doivent être adaptées (hautes pour éviter le verdissement / basses pour limiter le développement de champignons) ; les poteries zéro déchet permettent un « cernage aérien » qui favorise un développement racinaire ramifié (les racines sèchent lorsqu’elles sortent des parois du contenant, ce qui favorise la naissance d’autres racines à l’intérieur)
    • gestion de l’azote : nécessité d’augmenter la fertilisation, notamment azotée, car la dégradation du pot est susceptible de consommer de l’azote
    • un effet nanifiant a été constaté sur les plantes ornementales, ce qui limite l’utilisation de régulateurs de croissance

Les itinéraires de culture sont différents de ceux des cultures conduites dans des pots classiques en plastique. Il s’agit pour les horticulteurs et pépiniéristes d’adopter de nouvelles pratiques.

Une récente étude auprès des consommateurs (300 répondants) conduite dans le cadre du projet PROD ECO a montré que l’attention de ces derniers se porte davantage sur les caractéristiques intrinsèques des plantes (qualité esthétique, couleur de la fleur, taille et variété) que sur le contenant.

Les éléments d’une production de plantes éco-responsables sont liés, pour les consommateurs interrogés, à l’origine locale de la production, à la sobriété des ressources mobilisées, et enfin à des ressources qui sont perçues comme naturelles.

Les pots alternatifs biodégradables sont bien identifiés par les consommateurs comme avantageux dans le sens où permettant une plantation directe en pleine terre et ne générant pas de déchet. Le caractère fragile et les risques de casse de ces pots peuvent entrainer des freins à l’achat et des pertes en jardinerie liées aux invendus.

Témoignage de Terideal : un engagement historique qui prend de l’essor

Terideal, avec des contrats de culture contractés avec des producteurs engageants les maitres d’œuvre et d’ouvrages, utilise des végétaux cultivés dans des pots zéro déchet « prêts à planter » sur certains chantiers d’aménagements paysagers.

Avec 500 000 pots de ce type plantés depuis 2018, Terideal vise la mise en œuvre de 500 000 pots zéro déchet par an d’ici 2026-2027. La sensibilisation des prescripteurs reste un enjeu pour un développement de ces solutions.

La seule limite aujourd’hui rencontrée d’un point de vue technique est la taille maximale des produits biosourcés proposés (jusque-là limitée à 2 L, avec une offre désormais en 3 L) sachant que le surcoût de ces produits (10 à 15% par rapport aux plantes en pots plastiques) est compensé par le gain de temps à la plantation (estimé à 30 %). Il est important que toutes les autres externalités soient prises en compte (comme le gain lié aux déchets à traiter évités).

Afin de permettre un développement de ces solutions, les concepteurs et donneurs d’ordre ont tout leur rôle à jouer par l’intégration d’une demande dans leurs cahiers des charges.

Crédit photo : Teridéal

Témoignage de la SCEA Simier : un engagement fort qui permet de se distinguer de ses concurrents

Les établissements Simier ont fait le choix de basculer l’ensemble de leur production avec la solution de filets biodégradables. Ils ont pour cela investi dans des solutions de mécanisation adaptées.

Les avantages identifiés par Hervé Simier sont nombreux :
– Développement racinaire idéal sans mèche et homogène, les radicelles sont prêtes
– Pas d’arrêt de croissance lors de la reprise après plantation
– Le filet se dégrade régulièrement et a souvent disparu avant la plantation
– Culture quasi équivalente à celle en pot
– Gain de temps estimé à la plantation par ses clients : 30%
– Pas de déchets à gérer
– Clients satisfaits de la qualité des plantes fournies et de leur reprise
– Retour enthousiaste des consommateurs fréquentant son point de vente directe sur l’absence de déchets plastiques à gérer

Quelques clients particuliers ont parfois été gênés par l’absence de pot, craignant de salir leur coffre, mais « le problème se règle vite avec la bonne vielle technique du papier journal ».

Crédit photo : SCEA Simier

Témoignage des Pépinières Damien Vivier : un savoir-faire qui devient une véritable valeur ajoutée

Les pépinières Damien Vivier ont souhaité limiter les quantités de plastique utilisées pour produire leurs végétaux. Depuis plusieurs années, la société teste différentes alternatives au plastique. Les matières en PLA n’étant pas jugées satisfaisantes par l’entreprise (non-dégradation du pot dans la terre), les pépinières ont aujourd’hui recours pour une part de leur production aux pots en fibre de bois.
L’utilisation de ces pots amène à de nouvelles pratiques culturales et la logistique est à repenser. Chaque entreprise doit rechercher ses propres solutions. C’est un facteur différenciant de savoir-faire avec ce type de pot, notamment au regard de l’évolution de la demande. C’est et ce sera une véritable valeur ajoutée.

Les pépinières Damien Vivier ont développé un nouveau modèle d’affaire pour ce type de pot zéro déchet, en ne travaillant que sous contrat de culture et le frein économique est compensé par :
– Un gain de 25 à 30 % de temps de mise en œuvre sur les chantiers paysagers ;
– Moins de déchets plastiques ;
– Un engouement de l’équipe pour le projet qui est fédérateur.

Crédit photo : Pépinières Damien Vivier