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Les défis sont multiples et se cumulent en seulement quelques années. Pour répondre à ces enjeux, les producteurs s’adaptent, surtout en Europe où les contraintes sont pourtant les plus nombreuses et les plus strictes.

Pour ce printemps 2024, c’est le défi posé par l’obligation de diminuer la tourbe dans les substrats à destination des professionnels et des particuliers qui préoccupe le plus producteurs et distributeurs.

 

Le défi de la tourbe au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays-Bas

Au Royaume-Uni

Fran Barnes, Directrice générale de l’Association des métiers de l’horticulture (HTA), explique que sa structure avec les professionnels de l’horticulture et le secteur environnemental dans son ensemble ont travaillé dur pour abandonner l’utilisation de la tourbe. Aux taux de réduction actuels, il ne restait que 10 % ou moins de tourbe dans les sacs de compost vendus aux consommateurs en 2023, et le secteur se rapproche de zéro d’ici à la fin de cette année.

En Allemagne

La proportion de tourbe utilisée dans les substrats professionnels a diminué significativement, passant de 77 à 73 % par rapport à l’année précédente. Avec la tourbe, les fibres de bois constituent la principale matière première utilisée, tandis que les matières premières à base de noix de coco ont doublé par rapport à 2022. La part des substrats totalement sans tourbe a légèrement augmenté sur le marché professionnel pour atteindre 3,5% de la consommation totale.

Philip Testroet, responsable de l’horticulture et de l’environnement à l’association professionnelle allemande du secteur du jardin (Industrieverband Garten, IVG), commente ce résultat : « La qualité des matières premières et donc des supports de culture issus de la production allemande est la priorité absolue car cela a un impact direct sur la sécurité des productions.

La réduction de la tourbe ne doit pas se faire au pied de biche au détriment des facteurs économiques, c’est-à-dire de la rentabilité des entreprises, qui doivent pouvoir survivre chaque jour dans une concurrence internationale accrue ».

Le passage à des substrats sans tourbe ou à teneur réduite en tourbe pose également de nombreux défis aux jardiniers amateurs allemands. L’Association pour la Qualité des Substrats Végétaux (GGS) a donc publié un dépliant d’information qui explique comment utiliser correctement ces substrats.

Après le Royaume-Uni et l’Allemagne, ce sont les Pays-Bas qui prennent à bras-le-corps la problématique de la réduction de la tourbe dans les substrats, d’autant plus que ce sont les plus gros utilisateurs de substrats professionnels en Europe.

La pression pour les exigences de certification augmente

D’ici à 2027, tous les producteurs qui fournissent des fleurs et des plantes à la coopérative Royal FloraHolland, plaque tournante mondiale du commerce des fleurs et plantes néerlandaise, doivent accepter d’être certifiés selon les normes de la Floriculture Sustainability Initiative (FSI). Même aux Pays-Bas, de nombreux producteurs, surtout dans le secteur de la pépinière, doivent encore prendre des mesures. « N’attendez pas fin 2025, car vous n’obtiendrez pas votre certification à temps », avertissent les organisations professionnelles.

Cela implique que les producteurs de tous les secteurs disposent d’enregistrements appropriés de leur utilisation des produits phytosanitaires, des engrais, de l’énergie, de l’eau et des déchets et soient conformes à la qualification MPS-A+, A, B ou C, ou tout autre label équivalent reconnu dans le panier des certifications durables du FSI. De plus, ils doivent également être certifiés MPS-Gap s’ils veulent exporter vers les détaillants internationaux.

Aux États-Unis, les mêmes exigences apparaissent. L’American Floral Endowment (AFE), en partenariat avec l’Université d’État de Caroline du Nord, a initié en 2022 le projet Sustainabloom, qui est une action collaborative destinée à conduire l’industrie de la floriculture vers un avenir enrichi de pratiques durables à tous les niveaux.

Au Kenya, début juin 2024, le Kenya Flower Council accueillera une conférence internationale organisée exclusivement pour les parties impliquées directement et activement dans le secteur, axée sur la durabilité dans l’industrie mondiale des fleurs coupées, avec un accent particulier sur le rôle du Kenya pour faire avancer ces efforts.

Cette exigence d’une certification attestant des bonnes pratiques environnementales des exploitations horticoles tend à devenir une condition d’accès aux marchés, et concerne donc également les producteurs français. C’est pourquoi l’Interprofession VALHOR a engagé depuis 2023 un travail avec le FSI pour faire reconnaître la certification sociale et environnementale Plante Bleue parmi les labels ou démarches référencées dans le “Basket of standards” qui fait référence mondialement.

Un premier trimestre 2024 encourageant

Malgré les incertitudes économiques, le secteur des jardineries en Allemagne connaît un début prometteur pour 2024, avec une forte augmentation des ventes en janvier et une croissance encore plus impressionnante en février.

Les exportations de fleurs et plantes au départ des Pays-Bas, qui marquent les tendances en général, ont augmenté à nouveau au premier trimestre 2024, après sept trimestres consécutifs de baisse. Ce qui est plus surprenant, c’est que le marché britannique a augmenté de près de 12 % malgré les difficultés économiques et sociétales dans ce pays, mais que les exportations des Pays-Bas vers la France ont fortement diminué, de 8 %.

Une situation qui s’expliquerait par une consommation française de plantes et fleurs plus sensible au contexte économique que dans d’autres pays ?

Brand WAGENAAR, Avril 2024 – E mail : brandwagenaar@icloud.com  

A télécharger

  • Sources : veille internationale semaines 14 à 17 2024