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L’article L541-1-1 du code de l’environnement, définit les biodéchets comme étant « les déchets non dangereux biodégradables de jardin ou de parc, les déchets alimentaires ou de cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires ».

Le même article définit le tri à la source comme un « tri ayant lieu avant toute opération de collecte, ou avant toute opération de valorisation lorsque cette opération de valorisation est effectuée sur le site de production des déchets ».

Ainsi, les déchets concernés par la réglementation demandant aux producteurs de biodéchets d’effectuer une séparation sont les suivants :

  • Les déchets verts (définis dans le Code de l’environnement comme étant « les matières végétales issues de la tonte de pelouses, de la taille de haies et d’arbustes, d’élagages, de débroussaillement et d’autres pratiques similaires, qui peuvent, ou non, être des structurants ») ;
  • Les déchets alimentaires, y compris emballés ;
  • Les déchets des industries agro-alimentaires.

Ainsi les entreprises du végétal sont tenues d’avoir une gestion spécifique des biodéchets qu’elles génèrent à partir du premier janvier 2024, quelle que soit leur taille.

consulter la faq sur les biodechets

Pourquoi séparer les biodéchets du reste des déchets ?

La mise en décharge ou l’incinération des biodéchets produit des gaz à effet de serre.

A l’inverse, la valorisation organique via le compostage, l’épandage ou la méthanisation permet de faire retourner au sol ou de transformer des matières organiques brutes en une matière valorisable, le compost ou le digestat, adapté aux besoins agronomiques des sols.

Dans le contexte actuel d’appauvrissement des sols en matières organiques, il existe un réel besoin d’amendements organiques naturels que les composts de biodéchets peuvent en partie combler. De même pour les digestats issus de méthanisation, la substitution des apports en engrais de synthèse par des engrais organiques comme ces digestats est également appréciable d’un point de vue environnemental. En effet, la fabrication de ces engrais de synthèse repose notamment sur des ressources minières non renouvelables et non disponibles en France (phosphore et potasse), et pèse considérablement sur le bilan énergétique global, la synthèse de l’azote, notamment, étant très énergivore. (Source : MTECT)

Quelles sont les obligations réglementaires ?

 1. Obligation de tri à la source et de valorisation des biodéchets

Le producteur ou le détenteur de déchet est responsable d’assurer la gestion jusqu’à l’élimination ou la valorisation du déchet, même si le déchet est transféré à un tiers pour en assurer son élimination ou sa valorisation (article L.541-2 du code de l’environnement).

En application de l’article L.541-21-1 et R. 543-226 du code de l’environnement, le producteur ou détenteur de biodéchets à l’obligation :

  • de trier à la source- sans mélange avec d’autres déchets  – les biodéchets
  • de valoriser : soit par une valorisation sur place, soit par la contractualisation avec un prestataire pour mettre en place une collecte séparée des biodéchets en vue de leur valorisation.

Le brûlage à l’air libre des biodéchets est interdit (L.541-21-1 du code de l’environnement et arrêtés préfectoraux relatif au règlement sanitaire départemental). Le non-respect de cette interdiction est puni d’une amende de 450€.

Tout dépôt sauvage de déchets est interdit. En cas de dépôt sauvage, le maire peut mettre en demeure le responsable des déchets de remettre en état et de se conformer à la réglementation en matière de gestion des biodéchets. Il peut prendre la décision d’appliquer une amende pouvant aller jusqu’à 15 000€ (L.541-3 du code de l’environnement).

2. Obligation de traçabilité des déchets par la tenue d’un registre des déchets

En application de l’article L.541-7 et R.541-43 du code de l’environnement, tout producteur de déchet doit tenir à la disposition des autorités un registre des déchets. L’arrêté du 31 mai 2023 fixe le contenu du registre. Ce registre doit être conservé sur trois ans minimum.

3. Sanction pénale

Au-delà des sanctions qui peuvent être prises pour dépôt sauvage ou brûlage à l’air libre, tout contrevenant aux obligations de tri à la source et de valorisation des biodéchets ainsi que l’obligation de registre des déchets est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende (article L.541-6 du code de l’environnement).

4. Travaux de jardinage : informations obligatoires sur les devis

Depuis le 1er juillet 2021, l’article L.541-21-2-3 du code de l’environnement impose à toute entreprise qui réalise des travaux de jardinage d’apporter des informations sur les devis de travaux. Sur le devis de travaux de jardinage, l’entreprise doit mentionner les modalités d’enlèvement et de gestion des déchets générés par les travaux et les coûts associés.

L’entreprise qui collecte les déchets délivre gratuitement à l’entreprise de travaux un bordereau de dépôt précisant origine, nature et quantité de déchets collectés. Ce bordereau permet à l’entreprise de travaux de compléter son registre et ainsi de répondre à son obligation de traçabilité des déchets.

Tout manquement peut générer une amende administrative pouvant aller jusqu’à 3000€ (personne physique) ou 15 000€ (entreprise – personne morale).

L’article D.541-45-1 du code de l’environnement fixe les renseignements à inscrire sur le devis en question :

  • Une estimation de la quantité totale de déchets qui seront générés par l’entreprise durant le chantier ;
  • Les modalités prévues de gestion et d’enlèvement des déchets générés durant le chantier :
    • l’effort de tri réalisé sur le chantier et la nature des déchets pour lesquels une collecte séparée est prévue ;
    • le cas échéant, le broyage des déchets sur le chantier ou autres dispositions techniques dans le cadre de travaux de jardinage.
  • Le ou les points de collecte où l’entreprise de travaux prévoit de déposer les déchets issus du chantier, identifiés par leur raison sociale, leur adresse et le type d’installation ;
  • Une estimation des coûts associés aux modalités de gestion et d’enlèvement de ces déchets.

 

Comment faire pour respecter l’obligation réglementaire de tri à la source des biodéchets ?

Plusieurs possibilités opérationnelles s’offrent aux entreprises du végétal productrices de biodéchets :

1. Gérer in-situ la valorisation des biodéchets produits

Pour cela, les entreprises disposant de la place suffisante peuvent mettre en place un système de compostage, broyer les déchets produits et les utiliser en paillage ou toutes autres solutions de valorisation organique.

Important : les résidus de production des exploitations agricoles, s’ils ne sortent pas de l’exploitation, ne sont pas considérés comme des déchets.

2. Confier la responsabilité de la valorisation des biodéchets produits à un prestataire de collecte et/ou de traitement

Les entreprises peuvent avoir recours à des professionnels de la gestion des déchets qui peuvent proposer des collectes en vue de la valorisation organique des biodéchets (compostage, méthanisation, broyage et retour au sol, épandage), notamment en milieu urbain.

De nombreuses entreprises proposent des solutions de collecte et de traitement en milieu urbain. On peut citer à titre d’exemples :

  • L’entreprise de l’économie sociale et solidaire “les Alchimistes” présente dans une dizaine de villes (Grand Paris, Lyon, Lille, Marseille, Angers…)
  • Les « grands groupes » que sont Paprec/COVED, Véolia, SITA/Suez, Pizzorno, Nicollin, ou des entreprises plus locales comme Excoffier, Brangeon, réseau Praxy… peuvent également proposer des collectes et/ou des solutions de traitement
  • Certains méthaniseurs agricoles peuvent également accepter des déchets horticoles

Pour connaitre les solutions à proximité de votre entreprise, vous pouvez consulter le site de l’ADEME « Choisir ses partenaires »  ou la carte interactive des points de collecte de biodéchets créée par VALHOR

cartographie des centres de traitement des biodéchets sur le territoire francais

3. Utiliser les collectes publiques

Certaines collectivités en charge de la collecte des déchets ménagers mettent en place des collectes de biodéchets ou des accompagnements au développement du compostage de proximité.

Il est nécessaire de contacter votre collectivité pour savoir si, en tant qu’entreprise privée, il est possible ou non d’utiliser ces services et à quelles conditions (volume maximal, tarification…).

Que devez-vous fournir en cas de contrôle ?

En cas de contrôle par les inspecteurs de l’environnement, les officiers et agents de police judiciaire, ainsi que tous les agents mentionnés à l’article L. 541-44 du Code de l’environnement, il pourra vous être demandé de présenter votre registre des déchets.

Obligatoire depuis juillet 2011, ce registre doit mentionner pour chaque flux de déchets sortants de votre entreprise, les informations suivantes :

  • Date d’expédition du déchet.
  • Nature du déchet (code nomenclature dont la liste est détaillée ici ). Pour les biodéchets générés par les activités horticoles, le code 02 01 03 “déchets de tissus végétaux” sera le principal utilisé.
  • Quantité du déchet.
  • Nom et adresse de l’installation de destination.
  • Nom et adresse du transporteur, ainsi que son numéro de récépissé de déclaration.
  • Code D (pour les déchets éliminés) ou R (pour les déchets valorisés) correspondant au traitement opéré dans l’installation de destination (annexes I et II de la Directive n° 2008/98/CE )
  • Qualification du traitement final à partir de la liste suivante : préparation en vue de la réutilisation, recyclage, autre forme de valorisation y compris énergétique ou élimination.

Pouvant être établies au format informatique, les données renseignées dans ce registre doivent être conservées sur une durée de 3 ans et ce registre doit être tenu à la disposition des autorités en cas de contrôle.