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L’Union Nationale des Fleuristes a mis en ligne en avril 2024 le Livre Blanc de la traçabilité de la fleur coupée 2023. Un document comprenant à la fois des données chiffrées, des témoignages et des réflexions sur les enjeux et les perspectives du marché mondial de la fleur coupée et de la filière française.

Ce document comprend 5 propositions en faveur de la traçabilité de la fleur coupée, un retour sur les Assises de la traçabilité qui se sont tenues fin 2022 (origines des fleurs coupées, les enjeux internationaux, la filière française et les labels), les résultats d’une étude consommateurs et d’une étude fleuriste sur le sujet ainsi que des données sur la filière fleurs coupées dans le monde et plus spécifiquement en France.

5 propositions pour la traçabilité des fleurs coupées

5 propositions sont formulées dans le Livre Blanc pour soutenir la filière fleurs coupées française.

  1. Soutenir la production française et locale. Une mission qui doit être conduite par les fleuristes mais aussi par les pouvoirs publics pour répondre à la demande des consommateurs en produits locaux et de saison.
  2. Obtenir des conditions de production plus équitables entre pays européens et entre catégories de produits. Les disparités de contraintes sociales et environnementales doivent être prises en compte par les pouvoirs publics pour ne pas pénaliser la production française.
  3. Mieux choisir nos sources d’approvisionnement à l’international. Cela passe par un engagement des fleuristes pour privilégier des sources d’approvisionnement plus durables.
  4. Instaurer un vrai dialogue et un esprit de filière entre tous les acteurs français. Trouver ensemble des solutions en s’inspirant et généralisant des initiatives locales.
  5. Expliquer nos choix aux consommateurs. Cela implique de la transparence en affichant l’origine des fleurs en point de vente et sur les factures.

Retour sur les Assises de la Traçabilité de la fleur coupée du 3 octobre 2022

La production et le commerce de fleurs coupées en France

Cet événement qui a rassemblé divers acteurs de la fleur ainsi que des intervenants extérieurs a permis le partage de pistes de réflexion pour améliorer la traçabilité de la fleur coupée.

L’un des points de départ était la situation du commerce extérieur français avec 80% des fleurs coupées provenant de l’étranger et donc un déficit commercial très élevé. Les dynamiques de la production et du commerce mondial ont été présentées avec entre autres le poids important de la production kenyane. Des bouleversements sur le marché mondial risquent de se poursuivre avec la hausse du prix de l’énergie.

Entrent également aussi en jeu logiquement les conditions climatiques qui facilitent dans certains pays la production de fleurs coupées à moindre coût, mais aussi la qualité qui influence les différences de prix en France et à l’étranger. La production française se caractérise par un cadre législatif exigeant qui concerne à la fois les enjeux environnementaux mais aussi les conditions sociales des travailleurs.

En France, les régions les plus importantes pour la production de fleurs coupées sont les régions PACA, Pays-de-la-Loire et Ile-de-France, rappelle le Libre Blanc. La production française a connu ces dernières années une tendance défavorable malgré une demande en hausse en fleurs françaises, de saison et en circuit court.

Certains acteurs de la fleur font le choix de privilégier la fleur française ; un choix qui limite le nombre de variétés et implique de repenser le métier de fleuriste.

Les questions financières entrent bien sûr aussi en ligne de compte pour permettre la pérennité et le développement des entreprises, rappelle l’une des tables rondes lors des Assises. Les débouchés commerciaux ne concernent pas uniquement la fleuristerie ; une part importante des fleurs produites en France sert au secteur du parfum et des cosmétiques.

Le manque de structuration de la filière française accroît les coûts déjà élevés compte tenu d’un manque d’économies d’échelle. Autre enjeu essentiel du développement de la filière fleurs coupées en France évoqué lors des Assises de la traçabilité : la formation et la succession dans un contexte de vieillissement de la population de chefs d’entreprise et de faible sensibilisation des jeunes aux formations horticoles.

Une filière impactée par de MULTIPLES enjeux

Plusieurs facteurs impactent les avantages concurrentiels des pays tiers producteurs de fleurs coupées : un niveau de température et d’ensoleillement élevé, des coûts salariaux bas, des contraintes en matière d’usage de produits phytosanitaires moins fortes qu’en France. À noter que ce dernier point concerne aussi certains pays européens.

À cela s’ajoutent les attentes du consommateur (esthétique, prix, offre tout au long de l’année…) qui n’a pas nécessairement conscience des dilemmes que représentent ces différentes attentes pour la filière.

Bien que la rose soit la première espèce achetée par les consommateurs, les producteurs de roses dans le Var qui étaient 150 il y a 15 ans ne sont plus qu’une dizaine en 2024, indique Gilles Rus, Directeur développement à la SICA – Marché aux fleurs d’Hyères.

Des labels et certifications qui deviennent incontournables

En France et en Europe, des certifications ou labels locaux, nationaux ou internationaux (comme MPS) se sont développés pour mettre en avant l’engagement (environnemental, social) des entreprises et/ou une distinction de leurs produits (origine, qualité). Dans l’Hexagone, c’est le cas de Fleurs de France, Plante Bleue, la Charte Qualité Fleurs et le Label Rouge pour les végétaux.

Au Kenya comme dans d’autres pays producteurs de fleurs coupées dans le monde (comme la Colombie), le développement de la floriculture permet à la population d’accéder à des conditions sociales plus favorables à travers la défense des droits et de la santé des travailleurs ou encore la sécurité de l’emploi.

Des labels se développent peu à peu aussi dans les pays d’Afrique et d’Amérique à l’échelle nationale ou internationale pour faire reconnaître ces engagements conformément aux nouvelles attentes du marché. C’est le cas de Fairtrade Max Havelaar aujourd’hui reconnu par les pays importateurs.

La Floriculture Sustainability Initiative (FSI) créée en 2013 vise, dans le cadre de son ambition FSI 2025, à garantir 90% de sourcing durable sous certification reconnue dans le « basket of standards » en 2025.

« Face à la multiplication de ces labels, la certification devient la norme et c’est davantage l’absence de certification qui devient un marqueur négatif. » précise le Livre Blanc.

traçabilité de la fleur coupée : Un besoin de pédagogie vers le consommateur

Les consommateurs sont de plus en plus sensibles à l’origine et aux conditions de production des fleurs qu’ils achètent. Une prise de conscience renforcée par la présence accrue de ces thématiques dans les médias. Cependant, le prix reste le premier critère lors de l’achat de fleurs, devant l’origine et les conditions de production.

Il convient de faire preuve de pédagogie auprès du consommateur pour l’amener à faire évoluer ses attentes en matière de produits (ex : roses à Noël), d’esthétisme (compte tenu de l’impact visuel de végétaux sans produits phytosanitaires) et sa compréhension des composantes du prix.

La traçabilité de la fleur coupée n’est pas seulement l’indication de l’origine mais aussi la pédagogie auprès du consommateur. Cette pédagogie donne tout le sens à l’indication de l’origine des végétaux. Il s’agit aussi de sensibiliser le consommateur aux espèces produites en France. Les enjeux de la filière fleurs coupées française sont complexes et les transformations pour s’adapter à l’environnement national et international nécessitent du temps.

Les grossistes doivent également sensibiliser les fleuristes aux labels nationaux et internationaux pour les aider dans leurs choix mais aussi dans la pédagogie dont ils doivent faire preuve vis-à-vis du consommateur. Au final, la traçabilité nécessite une implication de l’ensemble des maillons de la filière à l’échelle nationale et européenne.

Afin de porter un regard croisé consommateurs – fleuristes, l’Institut National de la Consommation (INC) a réalisé en septembre 2022 un sondage en ligne auprès de 238 consommateurs et l’UNF auprès de 400 fleuristes sur la perception de la traçabilité des fleurs coupées. Le Livre Blanc comprend les enseignements de ces deux enquêtes – voir article de la VALHOR en Veille du 13/06/2024.

Le Livre Blanc contient également une partie détaillée de données par pays sur la production et les spécificités des pays : Colombie, Equateur, Pays-Bas, France, Italie, Espagne, Chine, Japon, Ethiopie, Kenya et Thaïlande.